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Publié le 17/10/2024 à 17h50

Quand « supporter le RC Lens » rime avec « résilience ». Diagnostiquée d’un cancer du sein droit en 2009, Marie-Christine Bonvarlet se bat avec courage et ténacité depuis quinze ans. Victorieuse d’une première bataille, elle est engagée dans un second match depuis novembre 2023. Dans l’intimité de l’amphithéâtre de La Gaillette, cette supportrice sang et or de la première heure a évoqué la maladie avec beaucoup d’émotion. Et une certaine fierté de pouvoir porter un message d’espoir et de sensibilisation…

Découvrez le troisième témoignage de la campagne de sensibilisation À ce stade, en soutien à la lutte contre le cancer.  

Marie-Christine, pouvez-vous vous présenter ?

« Je suis Marie-Christine Bonvarlet. J’habite Monchy-Cayeux, dans le Pas-de-Calais. J’ai quatre fils. J’ai notamment travaillé dans l’agriculture pendant plusieurs années avant de devoir arrêter en raison de mon état de santé.

On m’a diagnostiqué un cancer du sein droit en 2009. J’avais plusieurs tumeurs. Je ne suis pas du genre à aller consulter mon médecin régulièrement alors, quand on m’a annoncé que j’étais malade, le cancer était déjà à un stade avancé. Les médecins ont dit à mes enfants de se préparer à mon décès, j’avais peu de chances de m’en sortir. Malgré tout, je me suis battue. J’ai subi différentes phases de soins : chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie... Sans compter toute la période durant laquelle je suis restée en milieu protégé pour préserver mon système immunitaire. 15 ans plus tard, je suis toujours là. »

« c’était comme si le ciel me tombait sur la tête. Pour moi, le mot « cancer » équivaut à la mort alors je me suis préparée au pire. »

Comment avez-vous réagi à l’annonce de ce cancer ?

« Ce jour-là, c’était comme si le ciel me tombait sur la tête. Pour moi, le mot « cancer » équivaut à la mort alors je me suis préparée au pire. Néanmoins, je crois que, dans ce genre de situation, on n’a pas d’autre choix d’adopter rapidement un état d’esprit combatif. Je devais garder espoir. Je m’accrochais en me disant qu’au bout du tunnel, il y a toujours un rayon de soleil. La bataille était difficile, surtout avec quatre enfants dont je m’occupais seule. C’était très compliqué pour eux également parce qu’ils voyaient leur maman souffrir et qu’on leur demandait de se préparer à ce que je ne sois plus là. »

Marie-Christine Bonvarlet Racing Coeur de Lens RC Lens Ligue contre le cancer

 

Comment avez-vous annoncé votre maladie à vos proches ?

« J’ai appelé l’un de mes frères en lui disant : « J’ai un cancer, il faut que je sois opérée au plus vite. » C’est lui qui m’a incitée à aller tout de suite au Centre Oscar Lambret, à Lille. C’était un bouleversement pour tout le monde. Mes frères et sœurs se sont chargés de l’annoncer à ma mère, car je ne me sentais pas capable de le faire moi-même. Ils ont pris des gants pour la préserver au maximum. C’était la même chose pour mes fils. »

 

Vous avez d’abord suivi une chimiothérapie. Pouvez-vous en parler ?

« C’était une épreuve très dure à vivre. La première chose, c’est la souffrance. Les séances étaient très violentes, il me fallait au moins une semaine pour que mon corps se régénère. La douleur était telle que je quittais mon lit pour m’allonger sur le sol, pour essayer de trouver une position qui me ferait moins souffrir. C’est sans doute difficile à imaginer lorsque l’on n’est pas touché par la maladie. J’avais mal partout, le peu que je pouvais manger avait un goût de fer… C’était atroce.

Le deuxième aspect, c’était l’isolement. Je n’avais pas suffisamment de défense immunitaire donc je devais rester en milieu protégé pour éviter d’être au contact de microbes. Les personnes qui venaient me rendre visite devaient mettre des gants, des bottes, des masques, des blouses… Forcément, j’avais moins de visites. Je voyais surtout les médecins, un peu ma famille et mes amis. Malgré tout, j’avais trouvé quelque chose pour m’occuper. On m’avait ramené mes toiles et mon matériel pour peindre. Alors, je peignais pour les infirmières. J’offrais des peintures au personnel médical.

Marie-Christine Bonvarlet Racing Coeur de Lens RC Lens Ligue contre le cancer

 

Par période, j’avais la possibilité de rejoindre une chambre qui m’était réservée dans un hôpital plus près de chez moi. Cela me permettait d’avoir davantage de visites et de bouger un peu.  Mais lorsque mon état se dégradait, je devais rester au Centre de soins. »

 

Y-a-t-il eu des conséquences sur l’aspect physique ?

« Lors de ma première chimio, j’ai voulu essayer le casque et les gants réfrigérants à -22 degrés. On m’avait dit qu’avec ça, je ne perdrais pas ou peu de cheveux. Un matin, je me suis réveillée et tous mes cheveux étaient sur l’oreiller. J’ai aussi perdu mes sourcils - qui n’ont d’ailleurs toujours pas repoussés. C’était une épreuve terrible, car je perdais une part de ma féminité. J’ai mis du temps à l’accepter. Alors, j’ai porté une perruque pendant quelques temps, jusqu’au moment où, en me regardant dans le miroir, je me suis dit : « Finalement, j’ai une belle tête sans cheveux ! ». »

 

Quelles ont été les phases de soins suivantes ?

« Il y a d’abord eu la radiothérapie. Ce sont des rayons ciblés au niveau des tumeurs du sein. J’ai suivi 37 séances, tous les jours, sauf les samedis et dimanches. J’avais des ramifications autour des tumeurs et les rayons devaient permettre de les brûler. On m’a annoncé la rémission en 2011, après deux ans de soins intenses. Ensuite, il y a eu l’hormonothérapie, qui consiste à prendre un médicament tous les jours pendant 5 ans (ou 7 ans, selon les personnes, ndlr) afin de nous protéger d’un nouveau cancer. Cette phase peut sembler plus simple que les précédentes mais il n’en est rien. Les effets secondaires sont nombreux : prise de poids, dépression, douleurs articulaires… J’ai dû m’accrocher.

J’ai suivi le traitement dans son intégralité car j’avais un cancer hormonodépendant, c’est-à-dire que le cancer revient généralement après la rémission. La preuve, j’ai appris en novembre 2023, après la fin du traitement, que j’avais un deuxième cancer. »

« À Bollaert, on oublie tout. mes émotions y sont décuplées. De nombreuses fois, j’ai pleuré de joie pendant les matchs. »

Avant cela, vous avez réappris à vivre pendant plus de dix ans. Comment cela s’est-il passé ?

« Le retour à la vie « normale » n’a pas été évident. Je devais me remettre dans le bain, perdre les kilos que j’avais pris en raison du traitement hormonal. Puis, j’ai commencé à sortir, à faire du sport, notamment du VTT. J’ai effectué des missions de bénévolat à différents endroits. Après deux années atroces, je revivais !

J’ai refait des choses que je ne pouvais plus faire, comme accompagner mon fils au foot. J’ai pu, aussi, renouer avec le Racing. Un ami m’a proposé d’aller avec lui à Bollaert puis je n’ai plus manqué une rencontre pendant deux saisons. J’ai un attachement fort au stade et au public. À Bollaert, on oublie tout. Lorsque je partage des moments au stade avec mes proches, mes émotions sont décuplées. De nombreuses fois, j’ai pleuré de joie en tribune. C’est une grande famille, le RC Lens. »

 

Depuis quand le Racing fait-il partie de votre vie ?

« J’aime le football depuis ma tendre enfance. Je me suis vite prise de passion pour le Racing Club de Lens dont je suivais les matchs, chez moi, à la télévision. Plus tard, j’accompagnais mes fils à leurs matchs avec l’équipe de notre village, l’AS Vallée de la Ternoise. Je suis tellement présente et investie que l’ASVT m’a offert un maillot floqué du numéro 12 (rire). Depuis quelques années, mon lien avec le RC Lens s’est encore plus resserré. Au départ, c’était une échappatoire vis-à-vis de la maladie, puis c’est devenu une véritable passion. J’aime la ferveur, la convivialité et la simplicité du public lensois. On est chez soi quand on est à Bollaert. »

Marie-Christine Bonvarlet Racing Coeur de Lens RC Lens Ligue contre le cancer

 

En novembre 2023, le cancer est réapparu de quelle façon ?

« Je faisais les vendanges en Champagne, en septembre 2023. Je ne les avais pas faites depuis 15 ans donc j’étais heureuse. J’y ai ressenti des premiers signes de fatigue. Puis, en novembre, j’ai connu une très grosse fatigue inhabituelle. J’avais mal dans le dos. Quand je venais au stade, je ne tenais même plus debout, la douleur était insupportable. Je suis donc allée consulter. J’ai fait une mammographie, une biopsie et, là, c’est un coup de massue. Un deuxième coup de massue  ! On me diagnostique un second cancer, cette fois du sein gauche.

J’avais le choix entre recommencer l’ensemble du processus de soins (chimiothérapie, radiothérapie et hormonothérapie, ndlr), ou l’ablation du sein. Je ne voulais pas revivre deux années de souffrances. J’ai dit aux médecins : « Enlevez tout. » Avec l’opération, je devais rester une semaine au Centre Oscar Lambret. Je m’étais dit que j’assisterais au dernier match des Sang et Or avant l’opération… J’ai fait un malaise en allant au stade, mais j’ai tenu mon engagement ! Malheureusement, j’ai eu beaucoup de complications et d’infections. J’ai failli y passer, j’ai été hospitalisée presque trois mois. »

« mentalement, c’est très, très compliqué. Quand je me regarde dans le miroir, je ne m’aime plus. »

Vous attendiez-vous à rechuter ?

« Non. Enfin… Dans le cas d’un cancer hormonodépendant, il y a toujours un risque de rechute. Avant de faire la mammographie, j’ai dit à mes fils : « C’est sûr, c’est le cancer. » J’ai senti qu’il y avait quelque chose d’anormal. Je travaillais beaucoup, je faisais du bénévolat, j’aidais des amis, donc je connaissais mes limites et la fatigue que je ressentais n’était pas due à mon activité physique. J’espérais me tromper mais le verdict est tombé : j’étais à nouveau malade. »

 

Quelles sont les conséquences de l’ablation ?

« Mentalement, c'est très, très compliqué. Quand je me regarde dans le miroir, je ne m'aime plus. Je n'arrive pas à trouver les mots.  Ce n'est plus vraiment votre corps. J’ai un dégoût de mon propre corps.

Je prends à nouveau un traitement hormonal jusqu’en 2029, avec un contrôle régulier. C’est un cancer hormonodépendant donc je m’attends à avoir un troisième cancer. Avec le traitement, je vais être protégée un petit moment alors je vais de l’avant, je me bats, je vis à cent à l’heure. Un de mes fils a eu des jumeaux alors j’adore m’occuper de mes petits-enfants. »

Marie-Christine Bonvarlet Racing Coeur de Lens RC Lens Ligue contre le cancer

 

Quels sont les changements dans votre vie ?

« Je vis ! Je profite de chaque instant, je fais ce que j’ai envie de faire. Par exemple, je ne veux pas rater le moindre match à Bollaert. Lorsque je suis sortie de l’hôpital en mai, j’ai tenu à assister au dernier match face à Montpellier. Je n’ai même pas pu regarder tellement j’étais dans un état difficile. J’étais très mal. Alors maintenant, quand quelqu’un me demande ce que j’ai prévu le week-end, je réponds que je ne suis pas disponible. Pas question de rater un match (rire) ! En ce moment, je commence à pouvoir rechanter au stade, parce que je suis un peu moins fatiguée. »

 

Que pensez-vous de la campagne « À ce stade » ?

« C’est une bonne action car le club va toucher beaucoup de monde. Cela permet à des gens comme moi de témoigner et de sensibiliser sur le fait d’aller consulter. Il ne faut plus hésiter. Au moindre doute, il faut effectuer une mammographie, faire des contrôles réguliers… C’est le cas pour tous les cancers ! C’est une vraie chance et un honneur, pour moi, de pouvoir m’exprimer et de porter cette parole de prévention. Il ne faut pas négliger le dépistage.

Au-delà de la sensibilisation, je veux passer un message d’espoir à tous les malades. Il ne faut jamais baisser les bras car, même quand on nous annonce que c’est fini, on est parfois encore là, 15 ans plus tard. »

des gestes simples, rapides et efficaces

En 2024, plus de 900 000 personnes sont touchées par le cancer du sein. Un autoexamen permet de déceler un éventuel cancer grâce à des gestes simples, rapides et efficaces. Un diagnostic précoce constitue le meilleur moyen d’agir contre le cancer du sein. S’il est détecté assez tôt, ce cancer peut non seulement être guéri mais aussi être soigné avec des traitements moins agressifs et moins mutilants. L’autoexamen ne remplace pas l’examen chez un professionnel de santé (gynécologue, médecin généraliste, sage-femme). Ainsi, dès l’âge de 25 ans, il est conseillé d’effectuer un rendez-vous annuel chez un professionnel de santé. À partir de 50 ans, un dépistage organisé (mammographie) est recommandé tous les deux ans.

Pour obtenir plus d'informations, rendez-vous sur le site internet de la Ligue contre le cancer

Les gestes techniques pour un autodiagnostic

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