18 septembre 2021. Les supporters lensois présents à Bollaert ne peuvent l’oublier. Quand Przemyslaw Frankowski déboule sur son côté gauche et vient tromper le portier lillois d’un plat du pied précis, l’antre artésien bascule dans l’euphorie. Pour ses débuts sous le pavillon du RC Lens, l’international polonais inscrit le seul but de ce 55e derby du Nord et permet aux siens de l’emporter face au LOSC, pour la première fois depuis 15 ans. Y-a-t-il une meilleure manière de se faire adopter ?

Natif de Gdańsk en Pologne, Przemyslaw Frankowski était, dès son arrivée à l’été 2021, un membre à part entière de la famille artésienne. Avant lui, nombre de légendes de la même nationalité ont marqué le club (Éric Sikora, Antoine Sibierski, les frères Lech…). Comme chez lui en Artois, il va rapidement démontrer une grande fiabilité aux yeux de Franck Haise. Dès sa deuxième entrée en jeu face à Saint-Étienne, il trouve Seko Fofana dans le bon tempo pour sa première passe décisive de la saison.

Pouvant évoluer à plusieurs postes, notamment sur les côtés en tant que latéral, il entre parfaitement dans les plans de jeu lensois. Au sein d’un dispositif qui accorde une grande importance aux pistons, il se démarque par une activité incessante, couplée à une polyvalence dans les deux couloirs de jeu. Techniquement au point, celui qui a évolué 3 saisons en MLS, montre un état d’esprit irréprochable et un engagement de tous les instants.

Rapidement impactant, il compile 4 buts et autant de passes décisives lors des 15 premiers matchs de la saison, dont un enroulé somptueux dans la lucarne marseillaise en septembre. Détonateur du jeu, il effectue beaucoup de centres en bout de chaîne des mouvements collectifs et demeure une des pièces importantes pour amener le ballon dans la surface adverse. S’il est moins décisif sur la fin de l’exercice 2021-22, il reste un titulaire solide (28 apparitions dans le onze de départ au total), jouant avec caractère et détermination. 

Révélation d’une saison dans laquelle le Racing a lutté jusqu’au bout pour une place européenne, le piston termine cette belle première dans l’élite française avec 6 réalisations et 5 passes décisives au compteur. Il sera même élu « surprise de la saison » par les internautes sur le compte Twitter de la Ligue 1 Uber Eats. Un premier jet qui ne demande qu’à être confirmé.

La campagne 2022-2023 rime alors avec une nouvelle adaptation pour l’ancien des Chicago Fires. Après avoir évolué principalement dans le couloir gauche à ses débuts en Sang et Or, il doit désormais occuper le côté droit après le départ de Jonathan Clauss pour Marseille. De retour sur son pied fort, il mettra tout de même un peu de temps à retrouver son rendement. Moins flamboyant d’un point de vue statistique, il affiche néanmoins une progression visible défensivement dans les placements et les situations de un contre un. Il terminera d’ailleurs meilleur intercepteur du Racing avec 41 ballons subtilisés sur l’ensemble de la saison (1,1 en moyenne).

S’il garde son sang-froid lors des grands rendez-vous (ouverture du score face au PSG), il le met à profit dans un tout nouvel exercice pour lui : le penalty. Franck Haise en fait son tireur numéro 1 à partir de la rencontre contre Auxerre, débloquée grâce à une réalisation du Polonais. Il en tirera 2 autres qui feront mouche. 100% de réussite donc.

Le volume de jeu de Przemyslaw Frankowski prend de l’épaisseur alors que son influence grandit dans les derniers mètres adverses. Avec 67 passes clés délivrées en 2022-23 (1,8 par match), il se place leader de son équipe dans cette catégorie mais c’est surtout le 7e meilleur total de Ligue 1 Uber Eats. À mesure qu’il s’installe à ce poste de piston droit, il enchaine les performances de qualité. Le numéro 29 sera d’ailleurs en lice pour être nommé joueur du mois de janvier, porté par un match plein contre Troyes à 118 ballons touchés, 8 récupérations et 88% de transmissions réussies (59/67).

Cette saison, son importance est telle qu’il figure au 2e rang des joueurs de Ligue 1 ayant tenté le plus de centres (255 exactement, soit près de 7 par rencontre en moyenne). Avec 37 matchs disputés (31 titularisations, 5 buts et 3 passes décisives), il livre un abattage impressionnant des deux côtés du terrain qui résulte d’un travail acharné pour maîtriser toutes les facettes du poste de piston. Répéter les efforts n’est pas un problème pour lui, surtout sous la tunique sang et or. Le latéral repart donc jusqu'en 2028 avec le Racing. Le moment de goûter à la Ligue des Champions pour la toute première fois et d’inscrire un peu plus son nom dans l’histoire du club.

Arnaud Pouille - directeur général : « En seulement deux saisons sous les couleurs lensoises, Przemyslaw s’est imposé comme un piston de référence, à droite comme à gauche, en France. Son recrutement, sous cette ère moderne, a permis de renouer avec l’ADN du club qui a vu passer nombre de légendes polonaises. Son expérience d’international et son comportement exemplaire lui ont permis de s’intégrer rapidement au groupe et de s’imprégner de l’exigence de la Ligue 1. Ce modèle de régularité s’est notamment illustré à travers de grandes performances. Chacun garde en mémoire sa réalisation de grande classe face à l’Olympique de Marseille il y a deux ans. Dans cette même enceinte, on n’oublie pas également son match héroïque l’an passé, disputé avec le nez cassé. C’est une fierté de pouvoir prolonger l’aventure commune jusqu’en 2028. Cette signature est une récompense mais aussi une marque de confiance envers un élément devenu essentiel à l’équilibre du groupe, sur le terrain et également dans le vestiaire. »