On dit souvent que la passion du football n’a pas de frontière… Le Racing Club de Lens en a fait l’un de ses mantras. C’est dans cette démarche que le club artésien a décidé de s’associer au projet du Sardarapat Football Club. Nichée au cœur de la ville d’Armavir, à 45 kilomètres d’Erevan, la capitale, cette académie est en pleine expansion et affiche de fortes ambitions dans un pays bercé par la culture foot.

En Arménie, le football jouit d’une grande popularité. « C’est le sport roi, sans équivoque. » scande Eric Assadourian, ancien international arménien (13 sélections) et actuel Directeur de la formation du RC Lens. Fondée en 1992 – un an après la chute de l’URSS et l’indépendance du pays – la Fédération Arménienne de Football a accéléré son développement ces dernières années, notamment avec l’arrivée du président Armen Melikbekyan. Ce dernier a insufflé une nouvelle dynamique pour la pratique dans le pays, en mettant en place des projets d’infrastructures d’envergures, notamment autour d’Erevan, mais aussi en organisant des formations pour les éducateurs. « L’objectif est d’avoir une vision beaucoup plus poussée sur le haut niveau pour les jeunes Arméniens. » explique Eric Assadourian qui a passé deux séjours sur place en 2021 et 2022.

Car à ce jour, les 10 équipes de première division (Armenian Premier League) misent encore peu sur la formation interne. Pourtant, avec 35,4 ans d’âge moyen, la population arménienne (près de 3 millions d’habitants) regorge de jeunes talents dans des domaines variés comme l’art, la musique, les sciences… mais surtout le sport. À plus petite échelle, les championnats régionaux et nationaux de U6 à U18 ne manquent pas de profils. Seulement, ce potentiel est encore sous-exploité, faute de moyens financiers et matériels suffisants.

Le projet du Sardarapat FC et de son fondateur Sevan Karian a pour but de pallier ces manques, et de tout miser sur cette jeunesse talentueuse. « La jeunesse en Arménie est dotée de beaucoup de talent et d'une immense envie de réussir. Mon rôle à travers ce projet est de leur offrir les outils et l'accompagnement nécessaire pour réaliser leurs rêves, car c'est tout ce dont ils manquent aujourd'hui dans le pays. Je suis convaincu que la création de cette académie sera un tremplin qui leur permettra d'atteindre des sommets et de s'épanouir à travers la pratique du football. »

Talentueuse mais aussi déterminée ! Une mentalité qui provient notamment de l’héritage et d’une fierté nationale très prégnante dans le pays. « Dans la culture arménienne, l’éducation et le sport sont des piliers de la formation des jeunes Arméniens. » poursuit Eric Assadourian. « Ils sont globalement très dynamiques, avec un fort mental qui provient du vécu des anciennes générations. En plus d’être dotés de qualités techniques et athlétiques indéniables, ils ont cet état d’esprit conquérant, de personnes courageuses qui ne renoncent jamais, et ça se retranscrit sur le terrain. »

C’est dans ces valeurs, incarnées par les futures générations, que le Racing Club de Lens s’est reconnu et a décidé d’accompagner l’académie dans son développement. Par cette prise de position, le club entend aider le Sardarapat FC à concrétiser sa vision et ses ambitions.

Le partenariat se veut d’abord technique, avec le partage d’une « méthodologie RC Lens » en matière de formation et de contenu de séances d’entraînement. Le but étant d’établir un lien durable entre les éducateurs et entraîneurs des deux entités. « Il faut permettre aux pensionnaires d’évoluer dans un cadre d’élite en termes de formation. » affirme l’ex-international. Des stages à La Gaillette pour les meilleurs joueurs de l’académie sont également prévus.

Derrière cette transmission de savoir-faire sportif, le SFC entend « éduquer, inspirer et offrir de nouvelles opportunités aux enfants d’Arménie, autant pour les garçons que pour les filles. » Car la vocation du club est aussi de mener des projets éducatifs annexes (cours, expériences auprès d’ONG locales…), destinés à compléter les compétences sportives.

Deuxième volet du partenariat : la participation financière du Racing dans les frais de fonctionnement de l’institution. L’objectif est, notamment, d’aider l’académie à développer ses infrastructures. Aujourd’hui, les joueurs évoluent au sein du Armavir City Stadium, une installation qui s’étend sur plus de 6 hectares, composée de quatre terrains et d’une tribune de 3 120 places qui abrite vestiaires, bureaux et une salle de sport.

Un projet ambitieux et collaboratif qui va dans les deux sens.

En parallèle de son aide, le Racing peut anticiper le suivi de joueurs à fort potentiel. Pour Eric Assadourian, nommé référent technique dans le cadre du partenariat avec l’institution arménienne : « C’est une opportunité de promouvoir un club en termes de formation. Et cela offre aussi un temps d’avance et plus de possibilités de recrutement au Racing Club de Lens d’un point de vue géographique, dans les pays de l’Est et émergents dans le milieu du football. » Sardarapat FC a l’ambition de former les meilleurs et de les porter au plus haut niveau. Si tous ne suivront pas la trajectoire d’un Henrikh Mkhitaryan, milieu offensif référence dans le pays, vainqueur de l’Europa League et de la Conference League, l’intention est de permettre à ces jeunes d’intégrer la sélection nationale.

Pour le club, la finalité est aussi de créer deux équipes professionnelles, une masculine et l’autre féminine, uniquement composées d’Arméniens et d’Arméniennes formés au SFC. « Nous pensons pouvoir atteindre l’Armenian Premier League, idéalement dans 2-3 ans. »

En somme, ce partenariat noué dans un partage de valeurs fortes doit permettre à Sardarapat FC de s’installer comme une référence de formation en Arménie. Une nouvelle manière de démocratiser le football et d’accompagner une jeunesse qui ne demande qu’à grandir.

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