Partagez cet article

Publié le 22/05/2022 à 13h00

Le dernier rempart d’une génération titrée ! Guillaume Warmuz a gardé la cage lensoise avec sérénité durant 11 saisons entre 1992 et 2003. Des glorieuses épopées en championnat aux émotions fortes en Coupe d’Europe, le Bourguignon reste profondément marqué par son passage au Racing. Accompagné de son témoignage, retour sur sa riche carrière en Sang et Or à l’occasion de ses 52 ans.

« Je ne connaissais pas le Nord. » Né à Saint-Vallier (71), Guillaume Warmuz se souvient parfaitement de ses premiers pas dans l’Artois. « J’arrivais de Louhans avec ma femme. Je me rendais dans mon nouveau logement à Avion (62) mais je ne trouvais pas l’adresse. J’ai demandé à un habitant du coin qui m’a répondu dans un ch’ti impeccable. C’est comme ça que j’ai découvert le Nord » s’amuse-t-il. Un véritable choc culturel.

Plus jeune, le Bourguignon ne se rêvait pas fouler la pelouse du stade Bollaert mais il avait « le foot chevillé au corps ». « Mon objectif a toujours été de devenir pro. À 16 ans, si je n’avais pas intégré l’INF Vichy (ndlr : centre de formation aujourd’hui fermé), je serais devenu mécanicien sur un porte-avions. » Mais le goût de l’effort et du travail bien fait lui permet de garder sa ligne de conduite.

« Un gardien a juste le droit d’être bon »

Au sein du petit club de l’US Blanzy, son entraîneur de l’époque l’encourage à prendre les gants. Guillaume Warmuz s’en amuse aujourd’hui. « J’avais 6 ans, je voulais juste marquer des buts ! » Mais il s’est finalement pris au jeu. « On m’a demandé : « Ça ne te dirait pas d’être gardien ? ». Ça m’a plu et j’y ai pris goût assez rapidement. »

Guillaume Warmuz, gardien du temple

 

Un poste « très spécial » selon lui. « C’est un rôle à part. On a juste le droit d’être bon. On ne s’invente pas gardien, il faut se préparer pour le devenir. Il y a tout un travail à faire sur la lecture des trajectoires mais aussi sur la complicité avec les défenseurs. » Au fil de sa carrière, il a pu voir le regard sur les portiers évoluer. « On comprend de plus en plus leur importance aujourd’hui. Ça s’est accéléré avec le changement de règle sur le jeu au pied. »

En 1992, cette modification empêche le gardien de prendre le ballon à la main à la suite d’une passe en retrait d’un coéquipier. « C’était une idée de génie finalement ! » analyse-t-il avec du recul. « C’est devenu moins stigmatisé. Ça en a fait un joueur à part qui doit aussi avoir un bon jeu au pied. »

C’est à cette période que Guillaume Warmuz rejoint le Racing.

« Mon arrivée à Lens ? Il n’y a pas eu d’erreur de casting »

Repéré par le directeur sportif de l’époque - Jean-Luc Lamarche - alors qu’il évoluait au Louhans-Cuiseaux Football Club, le néo-Lensois saisit « une belle opportunité ». « Des anciens, comme Laurent Hochart, m’avaient parlé du club. C’était une nouvelle aventure, avec pas mal de pression : avec le basculement de la règle je devais m’adapter, je remplaçais Bernard Lama (ndlr : parti au PSG)… » Des débuts excitants donc mais pour le moins compliqués. « J’ai compris dès mon premier match contre Auxerre (0-3) que je ne m’étais pas bien préparé. » avoue-t-il. « Ça a agit comme une piqûre de rappel. »

Collectivement aussi, la mayonnaise a du mal à prendre. « On démarre mal la saison (ndlr : une seule victoire en 14 journées). Puis il y a un changement d’entraîneur avec l’arrivée de Patrice Bergues à la place d’Arnaud Dos Santos. Une victoire à Metz (2-1) et c’est le déclic. » Les Sang et Or termineront finalement à la 9e place pour la première saison du portier.

Guillaume Warmuz, gardien du temple

 

Son arrivée à Lens, Guillaume Warmuz la voit comme une évidence. « On ne pouvait pas faire mieux. Mon histoire se rapprochait de celle du club avec mes origines italo-polonaises. Les valeurs m’ont correspondu tout de suite. Il n’y a pas eu d’erreur de casting. »

Alors les saisons s’enchaînent. « Je n’ai jamais eu envie de changer d’air. » Et Guillaume Warmuz devient le gardien du temple attitré du Racing, signant 21 clean sheets toutes compétitions confondues lors de l’exercice 1995-1996. De plus en plus vocal, il s’affirme comme un des leaders de l’effectif. Les marques sont prises et un groupe prend tout doucement forme.

« Wembley, c’est mon plus beau souvenir en tant que gardien »

Saison 1997-1998. « Cette équipe respirait Lens. Les joueurs formés au club, Siko’, Magnier, Déhu… étaient au cœur de la mentalité. C’était une génération talentueuse avec un état d’esprit contagieux. » Une bande de potes à part qui a su se construire au fil du temps. « L’année précédente était un peu plus compliquée mais ça nous a servi de ciment pour bâtir la suite. Des joueurs de qualité se sont aussi greffés comme Vladimir Smicer avec qui j’étais très proche. »

La suite est connue. Le Racing est champion de France pour la première fois de son histoire au terme d’un match âpre face à l’AJ Auxerre (1-1). « Même mené à la mi-temps, on est restés calmes. On ne devait pas s’exciter. On se dit qu’on ne peut pas tout perdre maintenant. » 24 ans plus tard, Guillaume Warmuz savoure toujours. « Apporter un titre à tout un peuple, c’est quelque chose quand même. »

À l’évocation de ses souvenirs les plus marquants, le numéro 1 en garde un bien particulier en tête. « Wembley. Cette victoire contre Arsenal, sur la pelouse de l’équipe nationale britannique, pour ma première Ligue des Champions, ça reste la chose la plus mémorable de ma carrière de footballeur. » Il raconte. « Il y a la rencontre en elle-même où je joue la partition quasi-parfaite : je n’encaisse rien, je sors beaucoup de tirs… (0-1 score final) mais c’est surtout après… » Il cherche ses mots, comme happé par l’émotion. « J’en perds mon latin ! » Avant de reprendre. « On salue longuement le kop lensois (ndlr : 8 000 supporters (!)) et je regagne le tunnel en dernier. Là, le gardien anglais d’Arsenal, David Seaman (ndlr : 75 capes en sélection) m’attendait. Il m’a félicité pour mon match et on a échangé nos maillots. C’était extraordinaire. »

« Après ma blessure, j’ai eu une profonde remise en question »

Malheureusement, la carrière d’un sportif professionnel n’est pas seulement faite de victoires et de titres. Il y a aussi les échecs ou les coups du sort. Le portier sang et or n’y a pas échappé. « En 1996, contre Montpellier, je vais chercher un coup franc de Michel Der Zakarian dans la lucarne. Un superbe arrêt mais la réception est mauvaise… » Le verdict est clair : les ligaments externes de son genou droit sont rompus. C’est une fin de saison et le début d’une longue rééducation.

Guillaume Warmuz, gardien du temple

 

« C’était une période douloureuse. Ça a marqué une rupture dans mon parcours. En plus, à ce moment, j’avais l’Équipe de France A dans un coin de ma tête. Cette blessure a coupé mon élan vers la sélection. » Pour se sortir des pénibles séances de réathlétisation, Guillaume Warmuz se tourne vers la religion. « J’ai approfondi ma foi catholique. C’est de là que j’ai puisé ma force. J’ai fait le bilan de ma vie et eu une profonde remise en question. » Aujourd’hui aumônier bénédictin sur son temps libre, cette épreuve a aussi préparé son après-carrière.

Alors que l’hypothèse d’une fin de parcours est évoquée, le portier est de retour aux affaires moins d’un an après et trois opérations plus tard. « Le genou était abîmé mais l’homme était plus fort mentalement. » Un nouveau chapitre s’ouvre alors.

Des retrouvailles le 4 juin

Alors que les saisons s’enchaînent avec encore un titre (Coupe de la Ligue en 1999) et des épopées en compétitions européennes (demi-finale de Coupe de l’UEFA en 2000), une opportunité s’offre à l’enfant de Saint-Vallier. « Arsène Wenger (ndlr : entraîneur d’Arsenal à l’époque) m’a appelé. Je n’avais pas vraiment envie de partir mais il y a eu quelques mésententes intra-sportives. Mon seul infime regret, c’est que je n’ai pas eu l’occasion de savourer mon départ avec les supporters. Tous ces gens qui m’ont tant donné et que j’ai tant appréciés. »

Les aficionados sang et or lui rendront tout de même un vibrant hommage lors de son retour à Bollaert avec Monaco en 2006.

Aujourd’hui de retour dans sa Bourgogne natale, il occupe le poste de directeur sportif au sein de l’UF Mâconnais, récemment promu en National 3. Mais il sera de retour dans le Nord le 4 juin prochain à l’occasion d’un match de charité entre le Variétés Club de France et les Anciens du Racing. Des retrouvailles qu’il attend avec impatience : « J’espère qu’on va être aussi bon qu’avant ! » ironise-t-il. « Mais on s’en fiche. L’important c’est de partager, de revivre des bons moments et de parler des souvenirs… On est allé chercher des choses tellement magnifiques. »

rclens.fr