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Publié le 08/05/2022 à 11h00

Le Stade de France en sang et or ! Il y a 23 ans, le Racing décrochait la première Coupe de la Ligue de son histoire aux dépens du FC Metz, un an après le sacre lensois en première division. Un moment unique, dans une ambiance bien spéciale, surchauffée par 23 000 supporters artésiens. Un jour historique, pour un Lens magique !

Pouvait-on rêver mieux ? Lens-Metz en finale de la Coupe de la Ligue. Le Champion de France 1998 en titre face à son dauphin. Une revanche pour les Messins au plus haut stade d’une compétition nationale. Déjà vainqueur de cette même Coupe trois ans plus tôt, le FCM connaît la recette malgré une saison difficile en championnat (10e, toujours en bataille pour le maintien). Pour le Racing, c’est une première. D’autant que le parcours des Sang et Or ne fut pas un long fleuve tranquille.

Les succès aux forceps face à Rennes en quart (1-0) et Sochaux en demi (2-0, après prolongations) ont donné du fil à retordre aux hommes de Daniel Leclercq. Des résultats qui témoignent en revanche de la force de caractère de ce groupe.

L’autre force du Racing émane des tribunes. Et son 12e homme s’est déplacé en masse. 23 000 supporters sont attendus à Saint-Denis. Une vingtaine de trains « Corail » sont affrétés par la SNCF pour les transporter à Paris. Ce samedi après-midi, la Gare du Nord est envahie par une vague lensoise. Les chants résonnent déjà. Paris est prévenu.

RC Lens-FC Metz (1-0), le 8 mai 1999
Un virage historique

En tout, ils seront 78 180 dans les travées du Stade de France. Un record pour une rencontre entre deux clubs français (battu depuis par Saint-Étienne et Rennes en 2013 avec 79 013).

Le virage teinté de sang et or donne la chair de poule, même deux heures avant la rencontre. L’intensité est palpable. Une frénésie ambiante flotte dans l’enceinte parisienne. Les aficionados lensois déploient une banderole symbolique pour clôturer cet avant-match dantesque : « Quelle belle fin de siècle » est-il écrit. Entre le sacre en championnat, la finale de la Coupe de France l’année précédente et cette nouvelle confrontation prestigieuse, ce XXe siècle est d’ores et déjà historique.

Cette ambiance en ferait presque oublier le terrain où une bataille tactique se joue déjà.

Le Druide met en place, comme à son habitude, un dispositif très offensif avec quatre attaquants (Smicer, Nouma, Vairelles, Moreira). Son homologue Joël Muller – futur entraîneur lensois – opte pour une assise défensive plus solide avec un seul attaquant de pointe en la personne de Nenad Jestrovic, auteur d’un triplé en demi-finale. En championnat, le Racing s’est imposé lors des deux affrontements. Mais c’est une autre compétition qui se joue ce 8 mai.

Une pression toute particulière

Si les Messins attendaient cette revanche avec impatience, c’est le Racing qui impose son rythme dans ce début de match. Tony Vairelles est trouvé seul dans la surface sur un centre. L’attaquant reprend le ballon de la tête, le geste est bien exécuté mais ça passe juste au-dessus. Saignant, le Lorrain de naissance est une nouvelle fois bien servi par Vladimir Smicer quelques instants plus tard. Son coup de tête manque le cadre.

Lors de ce premier acte, le FCM est dominé par des Artésiens sûrs de leurs forces offensivement.

À la demi-heure de jeu, sur coup franc, Vladimir Smicer sert Frédéric Déhu qui s’est bien défait du marquage. La tête du capitaine est stoppée de justesse par Lionel Letizi. Très peu de solutions s’offrent à Metz dont l’attaque repose essentiellement sur Frédéric Meyrieu et Nenad Jestrovic, bien cadenassés par l’arrière-garde sang et or. Ce dernier va se procurer sa meilleure occasion sur un centre bien ajusté de Gunter Van Handenhoven. Son coup de tête est trop axial et Guillaume Warmuz s’empare facilement du ballon.

RC Lens-FC Metz (1-0), le 8 mai 1999

 

Le pressing sur les relances messines est en place et sur une énième récupération, Pascal Nouma est à la conclusion. Sa volée puissante est claquée en corner par Letizi au prix d’une belle envolée.

Malgré une nette domination à la pause, Daniel Leclercq juge la performance de son équipe en deçà des attentes. « On voit que c’est une finale de Coupe. Ce n’est pas notre jeu. » analyse-t-il au micro de France 3.

L’étincelle Moreira

Ses joueurs répondent par les actes dès l’entame de la seconde période. Tony Vairelles s’infiltre dans la défense côté droit et croise son tir du pied gauche. Dans une forme olympique, le portier adverse est battu à contre-pied mais sort sa main opposée par réflexe pour finalement capter le ballon.

Plus engageants, les Lensois se rapprochent dangereusement de la cage messine. Dans le couloir gauche, Daniel Moreira dépose toute la défense et centre dans la foulée. La tête décroisée de Pascal Nouma n’est pas assez puissante pour tromper le gardien.

À force de pousser, le verrou finit par sauter.

56e minute. Valérien Ismaël fait une ouverture pour Cyril Rool, lancé sur le côté gauche. Le défenseur transmet le ballon de la tête à Daniel Moreira, excentré sur la gauche de la surface messine. Il emmène ce ballon d’un contrôle orienté de la poitrine et décoche une volée de l’extérieur du pied gauche dans un angle impossible (quasiment depuis la ligne de sortie de but). Pleine lucarne (1-0).

Une pure merveille. La joie artésienne s’empare du stade. Déjà buteur décisif dans les derniers instants de la demi-finale, Daniel Moreira enfile une nouvelle fois le costume du héros.

Le bonheur de tout un peuple

Son équipe en panne offensivement, l'entraîneur messin réagit en faisant entrer deux milieux offensifs. Rien ne change réellement, Jestrovic étant toujours bien surveillé. Plus repliés et denses, les coéquipiers de Frédéric Déhu agissent en contre et sont proches de doubler la mise à la 75e minute.

Alors que Tony Vairelles, lancé à pleine vitesse, arrive seul Lionel Letizi tente une sortie hasardeuse et dégage mal le ballon. L’attaquant en reprend le contrôle et adresse un lob audacieux depuis le couloir gauche. Le portier, déjà de retour sur sa ligne, vient écarter le danger.

Il fallait un grand gardien pour empêcher Lens d’en marquer un deuxième ce soir-là.

Le secteur offensif messin peine toujours à apporter du danger. Mais le vrai frisson intervient à la 88e minute lorsque Ludovic Asuar reprend un coup franc d’une volée à l’entrée de la surface. Légèrement dévié, le ballon est finalement capté par un Guillaume Warmuz, prompt à réagir.

Monsieur Colombo regarde sa montre. 22h38. L’heure est à la célébration. S’ensuit un long moment d’étreintes et d’embrassades. Lens remporte la première Coupe de la Ligue de son histoire et verra l’Europe (Coupe de l’UEFA) pour la deuxième saison consécutive.

RC Lens-FC Metz (1-0), le 8 mai 1999

 

Tony Vairelles en profite pour rendre hommage aux supporters. « Même le chauffeur du bus avait le visage peint en sang et or ! » s’amuse-t-il, « on leur doit bien ça. » La Coupe en main, Frédéric Déhu se tourne vers les supporters et brandit le trophée en guise de remerciements. Daniel Leclercq aura également un geste mémorable avec son doigt pointé vers le virage sang et or. Comme un hommage symbolique.

Après avoir vu ça, on peut mourir tranquille comme dirait l’autre…

Fiche technique

RC Lens-FC Metz (1-0), finale de la Coupe de la Ligue 1999

Mi-temps (0-0)

Buteur : Moreira (56’)

RC Lens : Warmuz – Sikora, Magnier, Ismaël, Rool – Déhu, Dalmat – Smicer, Nouma, Vairelles, Moreira.

FC Metz : Letizi – Kastendeuch, Pierre, Strasser, Regis – Toyes, Rizzetto – Van Handenhoven, Boffin, Meyrieu – Jestrovic.

rclens.fr