« Un match qui laisse des traces », Yohan Démont, latéral droit au Racing entre 2005 et 2013, a très bien résumé cette confrontation entre Lens et Saint-Étienne. En ce 28 janvier 2007, c’est un match pour le haut de tableau qui se dessine à Bollaert. Deux clubs historiques, deux bassins miniers pour une 22e journée de Ligue 1 déjà importante dans la course au podium. Défaits à l’aller au stade Geoffroy Guichard (3-2), les Artésiens veulent prendre leur revanche et s’emparer de la deuxième place du championnat. En effet, les Lensois - 4ème avec 36 points avant la rencontre - sont à seulement 2 points du LOSC, dauphin de l’Olympique Lyonnais. Saint-Etienne, 6e, toque également à la porte du top 3 et se positionne comme une des équipes les plus dangereuses offensivement. Dans les gradins, la ferveur de deux des meilleurs publics français se fait ressentir avec près de 31 000 spectateurs présents. Le kop lensois habille Bollaert d’un tifo à la hauteur de l’évènement : « Aux villages des irréductibles supporters de L1, notre temple et votre Chaudron = la passion magique ».
Publié le 28/01/2022 à 09h43
La remontada avant l’heure ! Il y a 15 ans, les Sang et Or étaient menés 0-3 pendant plus d'une heure par Saint-Étienne. Trois coups de tête plus tard et grâce à une force de caractère impressionnante, les hommes de Francis Gillot réussissaient à renverser le match pour revenir à hauteur dans les ultimes instants de la rencontre. Retour sur un match au scénario rocambolesque qui prouve bien qu’abandonner n’est pas lensois.
Dans cette ambiance de fête, le spectacle se met rapidement en route. Après un peu plus d’un quart d’heure de jeu, le jeune Bafetimbi Gomis est bien décalé par Ilan aux abords de la surface. L’attaquant des Verts se retourne et déclenche une frappe croisée à ras de terre qui vient tromper Charles Itandje (0-1). Une ouverture du score qui a bien failli être évaporée quelques instants plus tard par une tête d’Adama Coulibaly qui trouve malheureusement le montant stéphanois.
Pour autant, le momentum ne change pas de camp. À la 24e minute, l’inévitable Ilan s’infiltre dans l’arrière-garde lensoise et sert Marek Heinz qui double la mise du gauche malgré l’intervention du portier artésien (0-2). Le Racing est dans le dur défensivement et peine à contenir les feux follets stéphanois. Et pourtant, il répond présent offensivement, se procurant des occasions dangereuses à l’image d’un extérieur du pied d’Aruna Dindane qui trouve le poteau ou d’une tête du capitaine Seydou Keita, claquée par Jérémie Janot au prix d’une belle détente verticale.
C’est juste avant la pause que Saint-Etienne assène le coup de grâce. Lancé à pleine vitesse, Bafetimbi Gomis effectue une passe lobée en direction de Marek Heinz, seul sur la gauche de la surface. L’international tchèque contrôle de la poitrine, laisse un rebond et ajuste une lourde reprise du gauche directement dans les filets artésiens (0-3). Trois occasions, trois buts, les Stéphanois déroulent. Des sifflets résonnent dans l’enceinte lensoise. Rien ne va plus mais personne ne se doute à la mi-temps, que le meilleur est à venir pour les Sang et Or. Yohan Démont relate : « le coach a poussé une gueulante évidemment mais il a très vite enchaîné avec un discours plus motivant pour nous pousser à faire mieux. »
Une seule option pour les hommes de Francis Gillot : inverser le cours du match et vite. L’entraîneur apporte du sang neuf sur le terrain avec l’entrée d’Éric Carrière pour Jussiê et les Artésiens investissent le camp stéphanois au retour des vestiaires. Il faut attendre la 67e minute pour voir cette domination se concrétiser. Excentré dans son couloir droit, Yohan Démont s’applique et trouve Seydou Keita quasiment au point de penalty d’un superbe centre enveloppé. L’international malien se déploie dans le bon timing et place parfaitement sa tête pour trouver le poteau rentrant de Jérémie Janot (1-3). Enfin ! « Ce n’est qu’un premier but mais même là tu commences à y croire parce que tu es porté par l’énergie de la foule » commente Yohan Démont.
Les minutes filent ensuite sans que les deux formations ne parviennent à faire de différence. Les occasions d’Aruna Dindane pour Lens ou celle de Bafetimbi Gomis restent infructueuses. C’est à la 88e minute, alors que la messe semble définitivement dite, que le Racing sort de sa boîte. Corner pour Issam Jemâa, Seydou Keita récupère le ballon dans la mêlée et combine avec Daniel Cousin sur le côté gauche de la surface. Le numéro 9 s’empresse de centrer et trouve la tête d’Adama « Popo » Coulibaly qui s’est faufilé dans la défense stéphanoise pour tromper Janot à bout portant (2-3). La pression est sur Saint-Etienne tandis que Bollaert reprend vie. « Pendant toute cette seconde période, on pousse comme des fous. Au moindre corner, le stade était en ébullition. On savait qu’on pouvait le faire ». Comme Yohan Démont, l’effectif sang et or y croit.
Les Verts sont fébriles en défense et subissent les derniers assauts artésiens dans les deux dernières minutes du temps additionnel. La dernière opportunité lensoise est un corner. Ça hurle dans les gradins. Charles Itandje et son mètre 95 sont montés. Corner côté droit. Seydou Keita coupe la trajectoire plein axe et décroise parfaitement une nouvelle tête pour délivrer tout un stade. 3-3, les Sang et Or l’ont fait. Ils n’ont pas gagné mais c’est tout comme. Bollaert est en transe jusqu’au commentateur de Canal+ Denis Balbir qui s’écrie : « …une équipe de Lens qui n’a pas de la ressource non, ce n’est pas le mot qui convient, c’est plus que ça, c’est le maximum ! ». Pour Yohan Démont, « dans l’euphorie, on aurait pu forcer les choses et en marquer un quatrième si on avait eu quelques minutes de plus ! »
Mais l’arbitre ne laisse pas beaucoup plus de temps et ce sont les Verts, pas encore tout à fait KO, qui se procurent la dernière occasion. Ilan est trouvé dans la surface. Après un amorti de la poitrine, il enchaîne une frappe volleyée. Trop puissante, elle file au-dessus des buts de Charles Itandje. Bollaert a eu très chaud mais peut souffler… puis exulter une bonne fois pour toutes puisque l’arbitre délivre les 22 acteurs.
Quel pied ! Un dénouement exceptionnel alors que tout semblait perdu grâce à un groupe combattif et capable de tout surmonter. Et non, « abandonner » n’est définitivement pas dans le dictionnaire lensois.