Pour ce deuxième volet de « Point Par Point », direction le Mali et la Côte d’Ivoire avec le jeune milieu de terrain lensois Cheick Doucouré…
« Je suis né à Bamako au Mali mais j’ai vécu à Abidjan. On n’avait pas beaucoup de moyens donc avec mes parents, on s’est installé en Côte d’Ivoire pour qu’ils puissent faire du commerce. Mon père travaillait au port de Saga et ma mère vendait de la nourriture.
J’ai deux frères et trois sœurs mais pas de la même mère. Mes frères sont partis vivre aux Etats-Unis quand j’étais tout jeune. Je ne les ai pas vraiment connus. J’ai vécu avec mes sœurs et ça se passait très bien. »
Cheick enfant sur son premier vélo
« J’ai eu une enfance heureuse à Abidjan. Mon école se trouvait juste derrière la maison mais je faisais souvent l’école buissonnière pour aller jouer au football. Quand mon père a pris sa retraite, la vie est devenue un peu compliquée financièrement. Je n’ai pas pu aller au collège car on n’avait plus les moyens. J’ai très bien compris la situation et j’ai dit à mon père que j’allais me consacrer au football, que j’avais du talent et qu’il ne devait pas s’inquiéter. J’avais 10 ans. »
« J’ai été baigné dans le football grâce à mon père qui supportait l’équipe ivoirienne de l’ASEC Mimosas. J’ai toujours adoré ce sport. La première fois que j’ai marché c’était grâce à un ballon. Mon père me l’a tendu pour que je marche vers lui et ça a fonctionné ! La nuit qui a suivi, j’ai dormi avec.
J’ai vraiment commencé à jouer au ballon à Abidjan alors que j’avais 8 ans. Je jouais souvent avec mes amis. Un grand de notre quartier nous avait pris sous son aile et nous permettait de jouer des petits tournois de quartier. J’ai eu la chance d’intégrer un petit centre de formation du quartier. Je m’y entraînais trois fois par semaine.
A l'Académie Jean-Marc Guillou
On a participé à un tournoi à l’Académie Jean-Marc Guillou du Mali. J’ai été repéré mais on m’a dit que j’étais un peu juste et qu’il fallait que je revienne plus tard. Je me suis entraîné, j’ai travaillé. J’avais beaucoup de pression mais en même temps je me suis dit que j’allais tout donner pour ne rien regretter. Quelques temps plus tard, j’ai pu saisir ma chance mais cette fois-ci à l’Académie du Ghana. J’ai passé un test que j’ai réussi. J’ai ensuite dû aller à l’Académie du Mali pour faire un dernier test. J’y suis resté 7 ans. J’ai appris à devenir un homme et à être un bon joueur sur le terrain. Je me suis perfectionné et j’ai beaucoup progressé. A 16 ans, j’ai intégré l’équipe partenaire : le Real de Bamako puis j’ai fait mes premières apparitions avec les sélections maliennes.
Alors que je participais à la Coupe du Monde U17, Frédéric Martin, le directeur de l’Académie, a parlé de moi à Eric Roy avec qui il a joué à Nice. C’est comme cela que j’ai été repéré et que j’ai signé au RC Lens. »
A l'Académie Jean-Marc Guillou
« Je connaissais déjà le Racing grâce à Aruna Dinane. Le club est très connu en Côte d’Ivoire. J’étais trop content de venir dans ce grand club ! Je devais saisir cette opportunité et réussir mon adaptation. Je n’avais pas du tout peur malgré la distance. Au contraire, j’ai couru pour venir ici ! »
Au Real Bamako
« Je ne pensais vraiment pas devenir joueur professionnel. C’est à force de regarder des matchs à la télévision que j’en ai eu envie. Yaya Touré m’a beaucoup inspiré. C’est mon exemple que ce soit dans la vie ou sur le terrain. Il est trop fort. Il est simple et donne beaucoup sur le terrain et en dehors. Il a une bonne hygiène de vie. Son mode de vie ressemble au mien. Pour moi c’est un rêve qui se réalise que je partage avec mes parents qui sont fiers de moi. Malheureusement, ils n’ont pas encore eu l’occasion de venir me voir. Ils regardent les matchs à la télévision. »
« Je suis quelqu’un de calme, de respectueux, de très humble et de courageux. Je suis réservé et discret. A contrario, j’aime danser. Je le fais même devant les autres, dans le vestiaire, etc… C’est inné chez moi. Dès que j’entends de la musique, je ne peux pas m’en empêcher. »
« Je suis musulman et très croyant. La religion m’apporte beaucoup. Avant un match, je demande à Dieu de m’aider à faire un très bon match, de me protéger contre les blessures. »
« Mes amis m’avaient mis en garde : quand tu viens en Europe, c’est difficile, tu n’es pas bien accueilli. Mais pour moi, ça n’a pas été le cas. Les gens ont été très gentils. J’ai une vraie famille ici ! Si je dois citer des personnes qui me sont chères, je dirais Kassim Sidibé [Ndlr, joueur du National 2]. Il m’a vraiment guidé et montré les endroits et les choses à éviter. Il y a aussi Christopher Boussemart. Dans le groupe professionnel, je suis proche de Souleymane Diarra, Cyrille Bayala, Yannick Gomis, Arial Mendy… C’était un gros avantage pour moi d’avoir un grand frère comme Souleymane que je connaissais déjà puisque l’on était dans la même Académie JMG. Il m’a beaucoup aidé et mis en confiance. »
« Je veux jouer au plus haut niveau, disputer une Ligue des Champions et une Coupe d’Afrique voire une Coupe du Monde avec le Mali. Plus personnellement, je souhaite fonder une belle famille et avoir des enfants. »