En juillet 2020, c’est un nom familier du football français féminin qui pose ses valises à Lens. Dans le sillage de la récente création du RC Lens Féminin - né de la fusion avec l’Arras FCF - Sarah M’Barek devient la tête d’affiche du projet lensois. L’ex-internationale tricolore (18 sélections), championne de France avec Montpellier en tant que joueuse, débarque avec l’intention de faire grandir la section féminine du Racing, de l’équipe première qui évolue en D2F à la formation.

Côté terrain, la coach trouve en Artois un effectif majoritairement constitué d’anciennes joueuses arrageoises. Son objectif premier : insuffler un état d’esprit et façonner une identité de jeu qui collent au RC Lens.

Derrière son sourire et sa joie de vivre communicative, cette battante, greffée d’un rein depuis l’âge de 29 ans, cache une grande force de caractère. Rapidement, elle parvient à inculquer à ses joueuses sa rigueur, son exigence et sa résilience. Battues par Nantes (0-2) en ouverture du championnat, les Lensoises acquièrent leurs premiers points face à Metz (0-0) et Saint-Maur (1-1), avant de rafler le tout premier succès de l’histoire de la section féminine à Vendenheim (1-2), le 4 octobre 2020. Si l’exercice de D2F est stoppé après 6 journées à cause de la pandémie de Covid-19, ces premiers mois de coaching permettent à Sarah M’Barek de poser les bases du projet lensois…

Brique par brique, la native de Chaumont va bâtir un édifice à son image. À l’aube de la campagne 2021/22, elle impose davantage sa patte sur un effectif sang et or renforcé, entre autres, par les arrivées de Tess David, Jennifer Meunier et Kahissa Saïdi. La coach espère voir ces dernières porter durablement les couleurs sang et or. Pour cette première saison pleine, elle vise à stabiliser le Racing en D2F tout en produisant un football offensif, ce que les Sang et Or vont réaliser avec brio…

Conquérantes en dépit d’une certaine irrégularité dans leurs performances défensives, les coéquipières de Tess David enchaînent 7 rencontres sans revers entre septembre et novembre, puis 6 entre décembre et février. Auteures de 40 réalisations, les Lensoises assurent le spectacle (4e meilleure attaque du championnat) en inscrivant au moins 3 buts lors de 8 rencontres en 22 journées. Durant leur parcours, les joueuses de Sarah M’Barek font notamment chuter le futur champion havrais (3-1), écrasent Orléans (1-4) et Vendenheim (5-0), remportent leur premier derby contre Lille (2-3) et renversent Metz (2-3) après avoir été menées de deux buts. Ces coups d’éclats guident le Racing vers une belle 6e place (35 points), synonyme de maintien.

Cette saison 2021/22, Sarah M’Barek la vit, en partie, de loin. Un cancer de stade 4 l’éloigne des terrains pendant un long moment. Une épreuve que la coach a surmontée avec une force et une détermination qui forcent respect et admiration. Elle fera son retour sur le banc lensois pour l’ultime journée de D2F, disputée au stade Bollaert-Delelis face à Nantes (1-4), fin mai 2022.

Peu à peu, la santé de Sarah M’Barek lui permet de retrouver sa place sur le banc lensois. Dans la continuité des précédentes saisons, la manageure – définitivement de retour fin 2022 – s’efforce de professionnaliser la section féminine. Tactiquement, cela passe notamment par la mise en place d’un système en 3-5-2, la volonté de presser haut et la pratique d’un football proactif.

Jusqu’ici divisée en deux poules géographiques de 12 équipes, la D2 Féminine comptera une ligue unique à partir de l’exercice 2023/24. Un tournant que le Racing ne veut pas rater, d’autant que six équipes seront reléguées en D3F à l’issue de la saison. Invaincues pendant 8 journées (5 succès, 3 nuls), les Artésiennes démarrent fort mais traversent ensuite une mauvaise passe. Sous la menace d’une éventuelle relégation, les Sang et Or se déplacent sur la pelouse du CA Paris à l’occasion de la 22e et dernière journée de championnat. Sarah M’Barek donne le ton. « Les causeries sont l’une des grandes qualités de la coach, et celle-ci a été particulièrement marquante. Elle a réussi à nous transmettre sa rage de vaincre en insistant notamment sur l’importance de ce match pour le club », se souvient la capitaine lensoise Tess David.

Vainqueur avec caractère (1-2), le Racing valide ainsi sa place dans l’antichambre pour l’exercice suivant. Un moment fort dans l’histoire de la section féminine.

Prolongée pour deux saisons supplémentaires au début de l’été 2023, Sarah M’Barek s’inscrit dans la durée à la tête d’une équipe qui entame un nouveau cycle. Au sein d’un championnat de Seconde Ligue plus relevé et exigeant qu’à l’accoutumée, le Racing brigue le maintien. La coach structure encore davantage son staff avec la nomination d’un adjoint, d’un entraîneur des gardiens et d’un analyste vidéo à plein temps. En parallèle, elle renforce son effectif avec les arrivées de Blandine Joly, Romane Lejeune, Dayana Pierre Louis, Sherly Jeudy ou encore Aude Gbedjissi.

Bien huilé et animé de la volonté systématique d’aller de l’avant, le collectif lensois débute par deux larges succès contre Thonon Évian (4-1) et Montauban (3-1). En progression constante, il signe l’un de ses matchs les plus aboutis de la saison sur la pelouse de Nice (2-3), où il l’emporte après avoir mené 0-3 en seulement 32 minutes.

Sur courant alternatif en championnat, le Racing excelle en Coupe de France et écrit une page de son histoire. Ainsi, les Sang et Or éliminent successivement Hénin-Beaumont (0-2), Paris CA (4-1), Saint-Maur (0-4) et Strasbourg (1-1, 6 tab à 5) et tombent en quarts de finale contre le Paris FC (4-0), pensionnaire de D1 et engagé en Ligue des Champions Féminine.

Ce parcours aussi historique qu’enrichissant revigore la jeune troupe de Sarah M’Barek pour la suite du championnat. Avec 4 victoires lors des 7 dernières journées, dont une nette contre Le Mans (3-0), les Artésiennes officialisent leur maintien en Seconde Ligue à trois journées du terme et terminent à une belle 5e place. Véritable tremplin pour la campagne 2024/25, cette fin de saison est également marquée par l’intérêt croissant du public lensois pour son équipe féminine (en témoigne le tifo déployé lors de la réception du FC Metz).

Cette saison, le Racing franchit un nouveau cap. Après des débuts poussifs contre Metz (0-0) et Toulouse (défaite 0-1), la coach parvient à fédérer son effectif autour d’intentions de jeu résolument offensives et, surtout, de valeurs collectives fortes. Affamées, les Sang et Or marchent sur Nice lors de la J3 (7-1) et enchaînent 12 matchs sans défaite (série en cours). Sur la période, les joueuses de Sarah M’Barek remportent notamment le derby face à Lille (0-3 et 2-1) à deux reprises, une première dans l’histoire du RC Lens Féminin.

Irrésistibles dans leur animation en 3-4-3, les Lensoises obtiennent aussi des succès référence contre des concurrents directs, comme au Mans (0-1), signe de la maturité de ce jeune effectif intégralement construit par l’ancienne Tricolore. Pour la 100e de la coach à la tête du RC Lens Féminin contre l’US Orléans, le Racing fait dans la tradition : un festival offensif (3-1), une 11e victoire et une qualité de jeu qui ravissent un public grandissant.

Meilleure attaque de Seconde Ligue (41 buts) après 14 journées, le Racing a déjà égalé son record de points sur une saison de championnat (35 en 2021/22). Un parcours remarquable qui ouvre désormais la porte à l’espoir d’écrire l’histoire…