Quelles ont été les étapes qui ont suivi l’annonce de ce cancer ?
« Les médecins ont entamé une immunothérapie. Ils avaient prévu quatre injections et au bout de celles-ci, ils devaient me dire si on démarrait une chimiothérapie. Les anticorps ont fonctionné mais pas suffisamment. J’allais un peu mieux mais je faisais des TEP-scan (un examen scintigraphique qui détecte dans le corps des sites de fixation d'un traceur faiblement radioactif injecté par voie intraveineuse, ndlr) régulièrement. Ils m’ont annoncé que la maladie était très agressive et qu’il fallait démarrer la chimiothérapie. C’est quelque chose de très violent. On m’a expliqué que j’allais perdre mes cheveux, que je serais très fatiguée et qu’il y aurait des effets secondaires. J’étais faible physiquement. J’ai touché le fond, je n’avais plus de force, je ne m’alimentais pas. L’hématologue a prévenu ma famille qu’elle devait se préparer au pire. Moi, on ne m’a rien dit mais j’avais conscience que mon état était grave. Je me suis préparée à mourir et, par chance, la deuxième séance de chimiothérapie a fonctionné. Le cancer a commencé à reculer et la tumeur est partie à la quatrième séance. »
À ce moment-là, nous sommes en 2022. Comment faites-vous pour combiner votre traitement avec votre rôle de Manageure de la section féminine ?
« Grâce à mon staff ! Au départ, même en étant à la maison, je gérais tout à distance. Le fait de préparer les séances et de communiquer avec mes adjoints m’aidait à tenir. Mais lorsque j’ai été hospitalisée, même regarder mon téléphone était fatiguant. À ce moment, j’ai vraiment coupé. J’ai laissé le « bébé » (rire).
J’ai reçu beaucoup de messages de soutien de la part du club, du staff et des joueuses. Dès que j’ai eu un regain d’énergie, j’ai tout de suite eu envie de revenir et reprendre les choses en main car c’est cette perspective qui me donnait de la force. »
Quel rôle le Racing a-t-il joué ?
« Dans ce genre de situation, il y a d’abord de nombreuses démarches administratives très lourdes à effectuer. C’est une facette à laquelle on ne pense pas quand on est malades et de ce côté-là, les équipes du club m’ont beaucoup aidée. On a échangé sur la possibilité de prendre un remplaçant en attendant et la direction a finalement décidé de laisser mon adjoint, Samuel Delcroix, assurer l’intérim. Finalement, la dernière chimiothérapie a fonctionné à la fin de la saison 2021/22 et j’ai pu reprendre mon rôle d’entraîneure. J’ai eu la chance d’avoir la confiance du Racing pour rester en poste et d’être bien accompagnée tout au long de cette période. »
À quel moment les médecins vous annoncent-ils que vous êtes en rémission ?
« On m’annonce la rémission complète en octobre 2022. C’était assez rapide, bien qu’intense, mais on a toujours du mal à y croire. Je savais que pour ce genre de maladie, il y a souvent des récidives.
Aujourd’hui, je suis toujours suivie de près, j’ai encore passé des examens il y a quelques jours et la rémission est toujours complète. Je savoure la vie. Tous les matins, je me lève en étant simplement heureuse d’être en vie. J’ai toujours des petites angoisses comme la peur d’aller dormir et de ne pas me réveiller. Trouver le sommeil est parfois difficile. Cependant, ma vision de la vie a totalement changé : j’ai envie de croquer la vie à pleines dents et de profiter de chaque instant. Même si je ne le montre pas forcément, toutes mes émotions sont décuplées, à commencer par celles d’une victoire. À l’inverse, je parviens à relativiser beaucoup plus certaines choses. »