1932, Calonne-Ricouart. Dès sa naissance, Maurice Dupont est baigné dans le monde des mineurs. Son père, son frère – de 4 ans son cadet -, ses voisins… tous connaîtront la vie dans les mines. À la maison, le quotidien est compliqué. Alors que Maurice vient au monde, son père est déjà gravement atteint de la silicose, après 18 ans dans les mines. « Enfant, je m’approchais de lui pour chercher un peu de tendresse. Je posais ma tête sur sa poitrine et j’entendais un bruit comme un craquement. Il toussait souvent, maman pleurait souvent. »
Une épreuve qui s’est obscurcie avec le temps et qui l’a profondément marqué. « Son état s’est aggravé. J’ai une image qui me vient à l’esprit pour exprimer ce qui lui arrivait. Trempez une éponge dans un sceau de ciment, remontez-la et voyez-la durcir. C’est exactement la même chose avec les poumons. Il ne pouvait plus s’allonger et devait donc dormir assis. »
Avec le physique, le caractère du père a changé, se confie gravement Maurice. « Il est devenu de plus en plus aigri. Preuve de sa détresse, il faisait n’importe quoi pour tenter d’aller mieux, comme avaler des limaces vivantes, cela graisserait soi-disant les bronches et le soulagerait. Autour de lui, il voyait ses amis mourir. La mine l’a achevé. Il est parti d’une agonie atroce. »