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Publié le 15/02/2022 à 14h30

48 912 spectateurs pour une rencontre gravée dans le marbre. Ce samedi 15 février 1992, le stade Bollaert battait le record d’affluence pour une opposition de Division 1 à l’époque et le Racing triomphait du « grand OM ». Plus qu’un match, c’est une page de l’histoire qui s’est écrite il y a 30 ans.

Le match le plus attendu de la saison. Des semaines avant, on ne parle que de cette 29e journée de Division 1 dans l’Artois. Le 15 février 1992, « Le grand Olympique de Marseille », triple champion de France en titre et finaliste de la dernière Coupe des Champions, est attendu de pied ferme à Bollaert. Jean-Pierre Papin, Didier Deschamps, Chris Waddle,… ces Phocéens ont fière allure et n’ont perdu que deux rencontres avant d’affronter le Racing.

Une aura particulière entoure cette confrontation. Le samedi après-midi, à quelques heures du coup d’envoi, Lens est déjà très remuant. Les supporters lensois chantent et klaxonnent avec enthousiasme dans les rues. Des bus sont acheminés de toute la France pour venir assister à cette rencontre au parfum historique. La ferveur se fait sentir dans toute la ville. Les cafés sont bondés de supporters artésiens et marseillais qui se mélangent dans une ambiance chaleureuse. C’est la fête du football.

RC Lens-Olympique de Marseille (2-1), le 15 février 1992

 

Aux abords du stade, des places debout sont encore vendues. Dans les travées de Bollaert, on se presse plus qu’à l’accoutumée pour voir les Sang et Or face à l’armada marseillaise entrainée par Raymond Goethals. Dès la reconnaissance de la pelouse, le ton est donné. L’international anglais Chris Waddle - visiblement impressionné par l’énergie émanant des tribunes - se permet de danser en rythme avec le kop lensois. Une forme de respect mutuel. La bataille peut commencer.

Bollaert, pris d'assaut

À l’entrée des joueurs, ils sont 48 912 à avoir pris place pour ce choc. Un chiffre historique puisqu’il s’agit là d’un record pour un match de championnat de France douze ans après les 48 852 spectateurs du derby Lyon-Saint-Étienne. Historique pour Bollaert également car cette affluence ne peut être battue aujourd'hui avec la configuration actuelle du stade. Éric Sikora, titulaire sur l’aile droite ce jour-là, se souvient : « Ce match est une référence pour les supporters. Un de ceux qui restent dans les mémoires. » Il faut dire qu’en plus de l’ambiance, le casting est absolument grandiose avec pas moins de trois néo-ballons d’or sur la pelouse : Jean-Pierre Papin (Europe), Abédi Pelé (Afrique) pour l’OM et Robbie Slater (Océanie) pour le Racing, qui reçoit son trophée en avant-match des mains de Gervais Martel. Place au jeu désormais !

Les hostilités sont lancées dès la 6e minute de jeu lorsque Jimmy Adjovi-Boco déboule sur le flanc gauche et élimine un, deux puis trois Phocéens. À pleine vitesse, l’international béninois centre plein axe à l’entrée de la surface. Roger Boli surgit et ajuste un plat du pied gauche qui trompe Pascal Olmeta (1-0). Une action limpide pour une émotion intense dans les gradins. Le numéro 3 artésien avouera plus tard ne jamais avoir couru aussi vite... Sans doute poussé par le souffle de la Marek. À peine 20 minutes plus tard, Basile Boli répond à son frère d’une reprise à bout portant et ramène l’OM à hauteur (1-1). Il en faut plus pour faire taire ce stade et faire déjouer des Lensois qui jouent crânement leur chance sur ces 45 premières minutes.

L'exploit

Une détermination qu’ils vont garder dès l’entame de la seconde période. À la demi-heure de jeu, tout bascule. Éric Sikora ne peut oublier cette action. « Je fais marquer Francis Gillot de la tête. C’est un moment décisif. » En effet, sur un coup franc dans le couloir droit, le latéral scrute la surface et adresse un centre précis à Francis Gillot, complètement esseulé sur le côté gauche de la surface. Le défenseur prend le temps de placer son coup de tête juste sous la barre. Le portier marseillais se détend mais trop tard (2-1). Bollaert chavire, la joie est palpable et l’exploit tout proche.

Dans la cage lensoise, les Sang et Or peuvent compter sur un Bernard Lama exemplaire. Alors qu’un coup franc de Chris Waddle prend la direction de la lucarne, le gardien artésien se déploie dans les airs et éjecte le ballon en corner au prix d’une belle détente. Une parade de grande classe. Il est tout simplement infranchissable dans ce second acte et repousse une action dangereuse de Basile Boli, quelques instants plus tard. Dans le camp adverse, les Lensois continuent de pousser et veulent faire le break. Cela va d’un but à l’autre et les 22 acteurs offrent une fin de match haletante à un Bollaert qui n'attend que de célébrer la victoire de ses héros.

Lorsque que le coup de sifflet retentit, le banc lensois et Arnaud Dos Santos exultent. La joie s’empare de l’antre sang et or. Le Racing vient de renverser l’Olympique de Marseille. Ce sera la dernière défaite des Olympiens cette saison-là. Les Lensois, eux, finiront 8e. Les supporters font un triomphe aux locaux. Un dénouement heureux pour une rencontre historique. Pouvait-on rêver mieux ?

Une rencontre de légende à revoir

rclens.fr