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Publié le 27/02/2022 à 10h00

Des buts en cascade dans des conditions climatiques dantesques ! Il y a 14 ans, le Racing ralliait la finale de la Coupe de la Ligue en s’imposant au stade Léon-Bollée face au Mans après un match au scénario rocambolesque. En cette date anniversaire, retour sur une rencontre imprévisible aux multiples rebondissements qui s’est imposée comme un des faits marquants de l’histoire récente du club.

Demi-finale de Coupe de la Ligue. Deux formations sang et or face-à-face. Le Racing a l’occasion de retourner au Stade de France pour la troisième fois de son histoire après 1998 et 1999. Une opportunité rêvée alors que le championnat ne sourit pas aux hommes de Jean-Pierre Papin sur cet exercice 2007-2008 (17es au moment de la rencontre). Tout le contraire du Mans de Rudy Garcia, 4e de Ligue 1, sur les bases d’une des meilleures saisons de l’histoire du club dans l’élite. Dans leur stade, les Sarthois sont favoris sur le papier.

Mais avant d’affronter le MUC 72, les Artésiens ont vaincu successivement le voisin lillois (1-0), Monaco (1-2) et une très belle équipe de Nancy en quart de finale (3-0). L’espoir est donc bien réel et avec cette part d’incertitude qui entoure chaque rencontre de Coupe, tout peut arriver. Surtout sur un terrain à première vue impraticable.

Le Mans UC 72-RC Lens (4-5, a.p.), le 27 février 2008

 

Avec cette pluie qui s’est chargée d’imbiber la pelouse, la boue a fait son apparition dans les surfaces de réparation. L’humidité ambiante donne à cette rencontre une atmosphère « marécageuse ». Un parfum de Coupe flotte dans le stade Léon-Bollée. Alors que des trombes d’eau s’abattent sur l’enceinte, un très beau casting pénètre sur la pelouse. De Eric Carrière à Vitorino Hilton en passant par Aruna Dindane côté lensois, aux Gervinho, Romaric et autre Stéphane Sessègnon côté manceau.

Dans les tribunes, ils sont près de 14 000. Les deux kops se font face d’un bout à l’autre du terrain. Les supporters sang et or entonnent « La Lensoise » dans une ambiance électrique, dominée par l’épaisse fumée des fumigènes.

L'attaque à outrance

Les premières minutes donnent un avant-goût du rythme qui va dicter toute la rencontre. L’intensité déployée est déjà importante et l’énergie émanant des gradins donne aux joueurs la force de se surpasser. Un boost dont les locaux vont se servir pour ouvrir le score à la 22e minute. Alors qu’un dégagement est mal négocié par la défense lensoise dans la surface, Gervinho hérite du cuir après cette séquence cafouillage et marque à bout portant (1-0). Le premier but d’une (très) longue série…

Les deux formations se rendent coup pour coup et les Lensois ne vont pas en démordre. Un quart d’heure plus tard, coup franc pour le Racing. Olivier Monterrubio se charge de le frapper. Bien tendu, le ballon traverse toute la surface et, dévié par l’attaquant sarthois Tulio De Melo, surprend Yohann Pelé pour finir dans les filets (1-1). Le Racing revient à hauteur… pas pour très longtemps. Gervinho lancé en profondeur à la 44e minute sert Hassan Yebda en retrait dans la surface. Esseulé, l’international algérien inscrit le deuxième but du Mans (2-1).

Le Mans UC 72-RC Lens (4-5, a.p.), le 27 février 2008

 

L’aspect « ultra offensif » du match est déjà très présent et se renforce dans le temps additionnel de la première période. Nadir Belhadj progresse balle au pied côté gauche et adresse un superbe centre de plus de 35 mètres en direction de Loïc Rémy dans la surface. Le jeune attaquant reprend dans la foulée d’une volée du plat du pied droit. Ça fait mouche et 2-2. Un soulagement pour le Racing juste avant la pause. À Léon-Bollée, on a déjà le sentiment que l’on peut s’attendre à tout pour la suite.

Un scénario invraisemblable

Le rythme effréné de ce match repart de plus belle dans le second acte. Et Nadir Belhadj est à nouveau passeur décisif à la 52e minute. Son centre, mal négocié par la défense mancelle, profite à Aruna Dindane qui coupe la trajectoire au bon moment et frappe dans la foulée (2-3). Lens est devant pour la première fois de la rencontre. L’étincelle qu’il fallait aux Sang et Or pour les relancer totalement.

Le kop lensois hausse le ton, aidant ainsi Olivier Monterrubio à réaliser le geste parfait quelques instants plus tard. Loïc Rémy parvient à déborder dans le couloir droit et centre en retrait. À l’entrée de la surface, l’ancien Nantais surgit et se couche littéralement sur le ballon dans les airs pour le reprendre. Le gardien dévie la balle qui tape sur le poteau puis sur l’arrière de sa tête pour finalement terminer sa course dans les filets (2-4). Un but contre son camp qui n’enlève en rien le bijou d’équilibre et de technique d’Olivier Monterrubio. Une réalisation qui résume parfaitement la folie de ce match. Les Sang et Or sont sur les rails qui les mènent à Saint-Denis. C’est un véritable coup de massue qui vient de s’abattre sur le MUC 72.

Le Mans UC 72-RC Lens (4-5, a.p.), le 27 février 2008

 

Pas si vite ! 66e minute, les Manceaux, piqués au vif, répliquent. Daisuke Matsui est bien lancé en profondeur par une passe lobée. Ronan Le Crom tente une sortie. L’international japonais est en avance sur le ballon et marque d’un plat du pied droit (3-4). 67e, un contre favorable profite à Tulio De Melo qui décoche une frappe croisée du droit en déséquilibre malgré le retour de Vitorino Hilton dans ses pieds (4-4).

Un scénario complètement dingue qu’aucun Lensois n’aurait pu prévoir. La foule est en liesse, tout est à refaire pour les Sang et Or. Une tentative d’Adama Coulibaly dans les derniers instants du temps réglementaire aurait pu tout faire basculer. Trop puissante, celle-ci s’écrase sur la barre transversale. Si même la malchance s’en mêle…

L'éclair Keita

Place aux prolongations donc. Et même lors de cette dernière demi-heure, le jeu ne va jamais se fermer. C’est tout pour l’attaque. Néanmoins, la seule occasion lensoise franche intervient à la 97e minute. Le jeune joueur « Made in Gaillette », Kévin Monnet-Paquet frappe en direction de la lucarne de Yohann Pelé mais le portier se déploie pour repousser le ballon.

Dans la seconde prolongation, le Manceau Modibo Maïga passe près du 5e but mais sa tête manque le cadre. Alors, tout le monde à Léon-Bollée voit se profiler la terrible séance de tirs au but. Mais c’était sans compter sur la force de caractère lensoise.

Après une récupération sur une relance adverse, Nenad Kovacevic décale Sidi Keita qui arrive lancé. L’international malien, entré en cours de seconde période, crochète, ramène le ballon sur son pied droit et décoche une frappe limpide à mi-hauteur. La puissance est telle que même la main de Yohann Pelé ne peut rien face à cette tentative. 4-5 à la 118e minute.

Le banc artésien vient congratuler son héros, ses supporters sont complètement transcendés. La joie est immense.

Le Mans UC 72-RC Lens (4-5, a.p.), le 27 février 2008

 

Cette fois-ci, la messe est dite. Jean-Pierre Papin et son groupe viennent d’écrire l’une des plus belles pages de l’histoire récente du Racing en ralliant la finale de la Coupe de la Ligue pour la deuxième fois en moins de dix ans. Si le Paris SG finira sur le trône un mois plus tard au Stade de France (1-2), cette demi-finale reste, aujourd’hui, gravée dans les mémoires du Racing Club de Lens.

rclens.fr