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Publié le 25/11/2021 à 10h30

Une première. Avant le Racing, aucun club de l’hexagone ne s’était imposé à Wembley, terre sacrée du football anglais. Pour leur première apparition en Ligue des Champions, les Lensois ont signé l’un des plus grands exploits de l’histoire du football français en coupe d’Europe. 23 ans plus tard, retour sur une rencontre décrite comme l’un des plus grands faits d’armes du club sang et or.

Wembley, stade mythique et antre des matchs de l’équipe nationale britannique. C’est là, le 25 novembre 1998, que les hommes de Daniel Leclercq ont posé leurs crampons à l’occasion de leur avant-dernier match de poule en Ligue des Champions face à Arsenal. Habituellement, les Gunners jouent au Highbury stadium mais le match est délocalisé pour cause de travaux. D’un côté, les Artésiens, champions de France en titre, participent pour la première fois à cette compétition. De l’autre, les Londoniens viennent de réaliser le second doublé FA Cup-Championnat de leur histoire. L’arrivée de l’entraîneur Arsène Wenger à partir de la saison 1996-1997 leur a permis de retrouver le sommet de la Premier League.

Au moment de cette nouvelle confrontation, les deux formations sont encore en course pour une place en quarts de finale. Au match aller, Lens avait réussi à accrocher le nul dans les derniers instants de la partie grâce à Tony Vairelles. Un air de revanche plane sur Wembley. 73 707 personnes, record d’affluence pour un match d’Arsenal à l’époque, sont en place dans les tribunes et parmi elles, 8 000 supporters sang et or. Avec 144 cars affrétés pour le voyage, c’est une véritable marée lensoise qui a traversé la Manche pour participer à un épisode de l’histoire du club en coupe d’Europe.

UN RACING DOMINANT

La première période est un véritable combat. Tenus en échec deux mois auparavant, les Gunners optent pour l’agressivité dès l’entame de match, n’hésitant pas à jouer des coudes. De leur côté, les Sang et Or déroulent leur jeu et répondent avec fermeté aux Londoniens. Ils percutent, jouent très haut et dominent dans l’entrejeu. « Le but était d’imposer notre rythme, de les provoquer et d’effectuer des enchaînements rapides vers l’avant. Des garçons comme Tony Vairelles ou Vladimir Smicer étaient vraiment capables de les transpercer au milieu et de leur faire mal derrière. » détaillera le coach Daniel Leclercq en 2018 pour SoFoot.

FC Arsenal-RC Lens (0-1), le 25 novembre 1998

 

Les meilleures occasions sont lensoises à l’image de Pascal Nouma, auteur d’une frappe du gauche captée par Seaman et d’une tête qui passe non loin du cadre. La défense londonienne est malmenée et subit les assauts artésiens. Arsenal a tout de même quelques situations de contre mais se heurte à un Guillaume Warmuz des grands soirs. Attentif, le portier lensois joue parfaitement son rôle de dernier rempart en plongeant à deux reprises dans les pieds d’Anelka lancé à pleine vitesse. Il stoppe également une grosse frappe de Parlour côté droit. Le capitaine Frédéric Déhu est également en grande forme et agit en patron de la défense centrale. 0-0 à la pause, la domination est artésienne autant sur le terrain qu’en tribune où les chants des supporters lensois résonnent de plus en plus fort.

DEBÈVE, CE HÉROS

Ils peuvent le faire et ils le savent. Les Lensois repartent donc sur les mêmes bases qu’en première période. Dans l’animation offensive, Pascal Nouma reste dangereux, tout comme Tony Vairelles avec un tir puissant qui met en difficulté le gardien d’Arsenal. Avec une défense toujours impériale, l’exploit est à portée de main. À la 72e minute, Wagneau Eloi transmet le ballon à Vladimir Smicer aux abords de la surface, sur le côté gauche. Le Tchèque enrhume la défense d’un subtil crochet du droit et déclenche une frappe à ras de terre. La balle fuse devant les cages des Gunners et Seaman la manque de peu. À la limite du hors-jeu, Mickaël Debève surgit au second poteau et pousse la gonfle dans le but vide (0-1). Les 8 000 Nordistes de Wembley exultent. Une joie indéfinissable. « J’étais sur un nuage » racontera le buteur pour la chaîne France 3 à l’issue du match. Mais il redescend rapidement car le plus dur est à venir.

Il leur faut tenir désormais. Continuer de développer leur jeu tout en gardant leur solidité défensive. Pour ça, les hommes du Druide peuvent toujours compter sur l’infranchissable Guillaume Warmuz. Dans les dernières minutes, Éric Sikora manque un dégagement de la tête qui profite à Overmars. L’international néerlandais se retrouve seul face au but et tente le lob. Mais ce soir-là, rien ne pouvait arriver au portier lensois qui saute dans le bon timing pour attraper le ballon en plein vol. Une muraille.

FC Arsenal-RC Lens (0-1), le 25 novembre 1998

 

Le Racing montre une force de caractère impressionnante. La seule ombre au tableau intervient à la 90e minute avec l’expulsion de Tony Vairelles. Alors que les esprits s’échauffent, le numéro 11 est victime d’une simulation du défenseur londonien Lee Dixon. Dans la confusion, l’arbitre met la main à la poche et sort le carton rouge et privera « Tonygoal » de la dernière journée de Ligue des Champions. Le deuxième de la soirée après celui remis à Ray Parlour. À 10 contre 10, le score en restera là. Lens devient le premier club français à s’imposer à Arsenal. Commence alors une longue communion avec le public sang et or. Il chantera jusque tard dans la nuit.

Personne n’imaginait le Racing champion de France quelques mois auparavant et voilà qu’il est à un match des quarts de finale de la plus grande compétition européenne. Une épopée exceptionnelle qui sera malheureusement stoppée par le Dynamo Kiev lors du dernier match de poule (1-3).

Une rencontre de légende à revoir

rclens.fr