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Publié le 14/03/2022 à 14h30

L’attaque à tout va ! Il y a 30 ans, Caennais et Lensois offraient un festival offensif d’une rare intensité en seizièmes de finale de la Coupe de France. Si l’issue n’a pas été favorable au Racing, cette rencontre reste comme l'un des cartons les plus impressionnants de l’histoire du club.

Le stade de Venoix est prêt à vibrer. Cette affiche des seizièmes de finale de la Coupe de France présente deux formations au gros potentiel offensif. Si Caen et Lens jouissent d’une belle cote de popularité, ils n’ont toutefois pas les mêmes ambitions en Division 1. Si le premier pointe à la 5e position au moment de la rencontre et est en passe de réaliser la plus grande saison de son histoire dans l’élite, le second remonte bien la pente et se maintient à la 9e place depuis plusieurs matchs.

Mais en Coupe, tout est possible, surtout que l’effectif caennais présente plusieurs absents clés (les défenseurs Hubert Fournier et Christophe Point notamment).

Comme à l’accoutumée, le public lensois s’est déplacé en masse pour soutenir son équipe : plus d’un millier de supporters est présent en cette fin d’après-midi du 14 mars 1992. Les amoureux du Racing sont également nombreux devant leur poste de télévision. Le duo phare, Thierry Rolland-Jean Michel Larqué, est aux commentaires pour la chaîne TF1 pour faire ressentir la ferveur de la Coupe de France.

Le vent et la grisaille normande se joignent à la fête. Les premiers fumigènes sont craqués, la partie peut débuter.

D’un but à l’autre

L’intensité et la volonté d’aller de l’avant se ressentent dès l’entame. Et le premier but ne se fait pas attendre. Dès la 14e minute, Yvan Lebourgeois intercepte le ballon et lance Xavier Gravelaine en profondeur. L’attaquant transmet rapidement à Willy Görter qui prend le temps d’ajuster sa frappe du gauche. Celle-ci termine sa course dans le petit filet (1-0).

Les locaux en veulent plus et récidivent quelques instants plus tard, cette fois, sur coup de pied arrêté. Willy Görter, encore lui, est à la conclusion d’un coup franc joué à deux. Son tir limpide est d’abord stoppé par Bernard Lama avant d’être repris par un Hippolyte Dangbeto opportuniste à bout portant (2-0).

Le Stade Malherbe prend une option mais c’est sans compter sur l’orgueil artésien qui se manifeste à la 24e minute.

Dans le couloir droit, Jimmy Adjovi-Boco déborde son vis-à-vis et centre. Au premier poteau, Jean-Guy Wallemme hérite du ballon et fusille Philippe Montanier d’une lourde frappe juste sous la barre (2-1). Voilà les Sang et Or remis dans le match. Trois réalisations en moins d’une demi-heure de jeu. Le penchant offensif des deux clubs est déjà de sortie et ce n’est pas fini.

Sur une contre-attaque, Éric Sikora est accroché dans la surface. Penalty logique. Francis Gillot s’en charge et a l’occasion de ramener le Racing à hauteur juste avant la pause. Le défenseur central place bien sa frappe mais elle vient s’écraser sur le poteau droit… Au stade de Venoix, on a l’impression que tout peut basculer d’un côté comme de l’autre.

Un véritable chassé-croisé

Au retour des vestiaires, les hommes d’Arnaud Dos Santos ne sont pas rassasiés. Long dégagement de Bernard Lama à la 47e minute. Le vent pousse suffisamment le ballon pour que celui-ci atteigne la surface adverse. Philippe Montanier tergiverse sur sa sortie et Christophe Delmotte en profite pour placer une tête légèrement lobée. Le gardien arrive trop tard et Lens recolle (2-2). Il se cassera même la main au contact de la tête du défenseur lensois…

Réaction immédiate en face moins de dix minutes plus tard. Les Normands jouent un corner à deux. Michel Rio adresse un centre en cloche au second poteau. Bernard Lama ne parvient pas à le capter correctement et Franck Dumas en profite pour servir Xavier Gravelaine en retrait. Ce dernier transforme la sentence de la tête malgré le retour du portier (3-2).

Les supporters caennais célèbrent mais ne sont pas tranquilles…

La partie gagne encore en intensité au fil des minutes et les Artésiens vont une nouvelle fois s’illustrer. 74e, corner pour eux après une chevauchée en solitaire de Christophe Delmotte. Le ballon est mal dégagé dans l’axe par Caen et Marc Maufroy en hérite. Il contrôle avec maîtrise et enchaîne avec une demi-volée du pied droit qui transperce toute la défense pour finir sur la gauche du but (3-3).

Quel chassé-croisé ! Une sixième réalisation qui va mener les deux équipes en prolongation.

30 minutes incandescentes

Et ce match va prendre une tout autre tournure. Francis Gillot se charge d’un coup franc bien placé aux abords de la surface. Celui-ci est repoussé par le mur mais Christophe Delmotte, décidément très inspiré ce jour-là, reprend le ballon d’une volée du pied gauche. La balle heurte la jambe du Caennais Emmanuel Rival et prend Philippe Montanier à contre-pied.

3-4, le parcage visiteur est en folie. Le Racing prend les commandes pour la première fois de la rencontre. Définitivement ?

Malheureusement, les Sang et Or commencent à le savoir, leur adversaire a de la ressource. Alors dès l’entame des 15 dernières minutes, Yvan Lebourgeois adresse une longue passe en direction de Stéphane Paille à l’entrée de la zone de vérité. Ce dernier place une tête subtile pour servir le nouvel entrant Olivier Pickeu qui s’empresse de tromper Bernard Lama (4-4). Tout est à refaire pour les coéquipiers d’Éric Sikora.

Le momentum revient du côté des locaux qui vont en profiter pour tuer le match dès l’action suivante.

Xavier Gravelaine effectue une longue transmission depuis son camp. Sur l’aile droite, Willy Görter contrôle de l’intérieur du pied et fait parler son talent dans la foulée. Sa frappe limpide de l’extérieur du pied termine dans le petit filet (5-4). Une réalisation magistrale dont les Lensois ne se remettront pas.

L’aventure Coupe de France s’arrête donc là après 9 buts inscrits. Un match ultra offensif qui n’a pas profité au Racing mais qui reste comme l’un des plus marquants de la saison 1991-1992. Des montagnes russes d’émotions qui trônent, encore aujourd’hui, dans les têtes des supporters artésiens.

Fiche technique

SM Caen-RC Lens (4-5, a.p), le 14 mars 1992

Mi-temps : 2-1

Buteurs : SM Caen : Görter (14’, 107’), Dangbeto (20’), Gravelaine (55’), Pickeu (106’). RC Lens : Wallemme (24’), Delmotte (47’, 98’), Maufroy (74’).

SM Caen : Montanier – Dumas, Debotté, Gautier, Dangbeto – Cauet, Görter, Rio – Gravelaine, Lebourgeois, Paille.

RC Lens : Lama – Wallemme, Gillot, Delmotte, Sikora, Laigle – Adjovi-Boco, Arsène, Slater – Bocandé, Maufroy.

Une rencontre de légende à revoir

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