Il y a des rencontres qui ne paient pas de mine. Cette confrontation, jouée en retard, de la 32^e journée de Dominos Ligue 2 entre Ajaccio et Lens en fait partie. L’aller à Bollaert s'était soldé par un résultat nul (1-1). Pourtant, l’entraineur adverse, Olivier Pantaloni, annonce « un match très stimulant » en conférence de presse. Si le Racing - troisième au classement – vise la montée, l’ACA ne dispose que d’une faible avance sur la zone rouge. Une victoire peut lui offrir une bouffée d’oxygène dans la course au maintien. Surtout que dans leur antre, les Ajacciens sont invaincus en 2017 (3 victoires, 2 nuls).

Avec 3 624 spectateurs présents, le stade François Coty est loin de sa capacité maximale, pouvant s’élever à plus de 10 000. Mais comme à leur habitude, les supporters artésiens ont garni le parcage visiteur.

Ce lundi soir ne présage donc rien d’extraordinaire sur le papier et pourtant…

La machine s’emballe rapidement. Bien trouvé par Benjamin Bourigeaud aux abords de la surface, Habib Habibou fait sauter le verrou ajaccien d’un superbe enroulé flottant qui trompe Riffi Mandanda, trop avancé devant sa ligne (0-1). Alors qu’il vient d’inscrire le but le plus rapide de la saison (7^e minute de jeu), l’attaquant centrafricain va trouver le poteau quelques instants plus tard après une balle perdue adverse dans la surface.

Les Sang et Or sont bel et bien dans leur match et multiplient les assauts.

À la 25^e minute, sur le côté droit, Abdelrafik Gérard trouve un espace pour servir Thomas Ephestion dans la surface. Ce dernier efface successivement Laurent Abergel puis Manuel Cabit et croise parfaitement sa frappe pour prendre le portier à contre-pied (0-2). Le break est déjà fait mais s’en suit une succession de buts qui va complètement transformer la physionomie de la rencontre.

Les locaux, piqués au vif, réagissent sans attendre. Sur coup de pied arrêté, l’Ajaccien Mouaad Madri dévie le ballon au second poteau. Par chance, Rayan Frikeche passe par là et prend le temps de bien placer sa tête (1-2).

L’orgueil corse n’a pas fini de frapper les Sang et Or puisque Joris Sainati vient mettre les deux formations à égalité d’un coup franc des 30 mètres (!) en pleine lucarne (2-2). Une réalisation qui réveille tout un stade. Les trompettes se font de plus en plus bruyants dans les tribunes.

Mais les Artésiens ne perdent rien de leur allant offensif. Lancé en profondeur par Abdellah Zoubir, Kevin Fortuné est fauché par Paul Babiloni dans la surface. Aucune hésitation pour Monsieur Jaffredo. Penalty. Le milieu artésien se relève avec aplomb et s’en va déposer le ballon. En force, il transforme la sentence pour la troisième réalisation lensoise (2-3).

L’intensité est réelle et la défense corse est aux abois.

Quatre minutes plus tard, Kenny Lala offre un caviar à Abdelrafik Gérard. À pleine vitesse, ce dernier atteint la surface, crochète derrière sa jambe pour éliminer Ryan Frikeche et dégaine une frappe à mi-hauteur qui finit dans le petit filet opposé (2-4).

Le réalisme offensif des deux équipes est impressionnant puisque, pour le moment, chaque tir cadré a donné lieu à un but.

Tout souri aux hommes d’Alain Casanova et ce n’est pas fini. Juste avant la pause, Habib Habibou hérite d’un ballon dans la surface, plein axe, mais sa tentative bute sur le gardien sorti dans ses pieds. Heureusement, le renard des surfaces Thomas Ephestion a suivi et pousse le ballon du gauche dans le but vide (2-5).

Et comme les 3 624 chanceux du jour n’en ont pas eu assez, Marvin Gakpa en remet une couche dans le temps additionnel.

Sur une frappe du futur lensois Mouaad Madri détournée par le dos d'un défenseur sang et or, il récupère le ballon dans la surface et a tout le temps d’ajuster Nicolas Douchez d'un plat du pied gauche (3-5).

Huit réalisations inscrites en un peu plus de 45 minutes. C’est tout simplement la première période la plus riche en buts en Ligue 2 sur les dix dernières saisons. Pour le Racing, c’est la deuxième fois dans l’histoire que le club marque à cinq reprises en une période. Un scénario invraisemblable qui laisse les supporters des deux bords bouche bée.

Au retour des vestiaires, les deux coachs ont tiré les leçons de cette première période historique et ont demandé de sortir les barbelés. Les lignes se resserrent et le jeu se ferme progressivement. Abdelrafik Gérard fait pourtant frémir le public avec une frappe sèche depuis l’extérieur de la surface boxée par Riffi Mandanda. Il sera d’ailleurs à l’origine du dernier but de la partie à la 73^e minute.

Bien servi dans la surface, le numéro 20 est accroché par Mohamed Mady Camara. Nouveau penalty pour les Lensois. Habib Habibou prend le gardien à contre-pied. Le 6^ème est là.

Les coéquipiers de Nicolas Douchez garderont la main mise jusqu’au bout.

Au terme d’un match totalement débridé, le Racing s’empare du fauteuil de dauphin, à un petit point de Brest, solide leader. Les Corses concèdent, eux, leur première défaite à domicile en 2017. Pour une rencontre qui ne payait pas de mine au départ…

AC Ajaccio-RC Lens (3-6)

Mi-temps (3-5)

Buteurs : AC Ajaccio : Frikeche (29’), Sainati (32’), Gakpa (45’+1). RC Lens : Habibou (7’ ; 73’, s.p), Ephestion (25’ ; 45’), Fortuné (35’, s.p), Gérard (39’).

AC Ajaccio : Mandanda – Babiloni, Frikeche, Sainati, Cabit – Abergel, Camara, Gakpa, Madri, Nouri (c) – Maazou.

RC Lens : Douchez (c) – Lala, Duverne, Ba, Hafez – Gérard, Bourigeaud, Ephestion, Zoubir – Fortuné, Habibou.