Publié le 07/05/2020 à 17h00
Cela fait plus d’un mois et demi que La Gaillette est à l’arrêt. Crise sanitaire et confinement obligent, les joueurs de la formation lensoise sont rentrés chez eux et le club veille à leur bien-être à distance. Le directeur de la formation Eric Assadourian nous explique…
« Au début, on était frustrés mais cela a vite changé. Comment parler de frustration quand il en va de la vie des gens. On ne peut pas être déçu par un manque ou l’arrêt de la compétition alors que l’on se bat contre un virus dans une guerre sanitaire. La Fédération Française de Football a pris la plus sage des décisions.
Les joueurs du centre de formation ont bien compris la situation. Leurs éducateurs et leur famille leur ont bien expliqué quelle était la priorité du moment : la santé. Nos garçons ont eu le bon comportement et ce sont bien adaptés à la situation.
Il était nécessaire que toutes les personnes concernées à la formation fassent les efforts, disent adieu à la compétition et à ce que l’on avait entamé pour privilégier la sécurité de chacun.
En tant que père de famille et formateur, je pense que tout le monde doit savoir où sont les priorités. Le plus important, c’est la santé de tous nos garçons. Ils sont les enfants du Racing Club de Lens et il est normal que l’on soit attentif. On doit savoir les protéger. »
« Pendant le confinement, on garde contact par téléphone et par visioconférence. Le club a mis en place un suivi avec les joueurs. De façon hebdomadaire, on fait un point sur leur état de santé et sur celui de leur entourage même si ce n’est pas évident d’avoir plus de 150 retours réguliers. La situation fait que l’on est davantage dans une relation affective plus que dans une relation professionnelle.
On a fait le bilan et la projection de fin de saison un peu plus tôt que prévu. Dans cette situation particulière, on ne pouvait pas attendre pour dire à tel ou tel joueur ce qu’il en était de son avenir au sein du RC Lens. Pour les joueurs que l’on garde, il y avait une forme de soulagement qui a fait du bien psychologiquement.
Les garçons non conservés peuvent ainsi se retourner un peu plus vite soit vers un projet scolaire ou un projet sportif dans un autre club. C’était compliqué de le faire par téléphone ou à travers un simple écran, il manquait le côté humain. »

« Les garçons sont éloignés des terrains depuis la mi-mars. Cela ralentit certainement la progression des joueurs. Mais qu’est-ce-que quelques mois sans foot comparés à la survie et au nombre de décès lié au Covid-19 ?! J’échangerais bien un mois de plus de confinement pour préserver encore un peu plus nos garçons. La seule question que je me pose est « Etes-vous en bonne santé ? ». »
« Le plus difficile, c’est la partie recrutement. On était en cours d’observation. Des dossiers avaient bien avancé, d’autres devaient se finaliser. Mais on a dû les mettre en pause. Ça va être compliqué de partir sur de nouveaux projets sans avoir tous les éléments pour pouvoir recruter tel ou tel joueur. On doit s’adapter. »
« On a plus d’une cinquante de garçons en internat à La Gaillette. Sans compter tout ce qui gravite autour comme la restauration, le ménage, la laverie… le protocole est compliqué. Peut-être plus compliqué que celui des joueurs professionnels. »
« Malgré le fait que l’on soit monté en Ligue 1, notre discours auprès de nos jeunes ne change pas. Ce n'est pas parce que le club évoluait en Ligue 2 que nous formions les joueurs pour jouer à ce niveau. On ne se donne pas de limite, bien au contraire. On cherche à amener le joueur au maximum de ses possibilités pour qu’il puisse répondre présent à tous les niveaux dans lesquels le Racing Club de Lens évoluera aujourd’hui et demain. Qui peut le plus peut le moins. »