Publié le 26/12/2024 à 15h50
Douze mois riches en formation… et en émotions ! Directeur de l’académie et entraîneur des U17 sang et or, Éric Assadourian revient sur l’année 2024 et évoque, entre autres, le parcours des U19 en UEFA Youth League (8es de finale), la signature en professionnel de cinq joueurs « Made in Gaillette » et le maintien plein de caractère des U17 Nationaux.
« La notion de compétition entre évidemment en compte dans l’analyse mais elle n’est pas prioritaire dans la formation. Au quotidien, les éducateurs œuvrent pour que les jeunes puissent progresser à tous les niveaux : physique, technique, athlétique, mental ou encore méthodologique. Notre objectif est de leur donner la connaissance à la fois du football de haut niveau, des différents systèmes de jeu et des comportements qu’un athlète doit avoir sur et hors du terrain. La mission de l’académie est d’amener les joueurs vers le monde professionnel. En ce sens, les satisfactions sont nombreuses puisque cette année a vu plusieurs joueurs « Made in Gaillette » intégrer le groupe professionnel.
De plus, la formation s’inscrit également dans un cadre qui dépasse le sport. À La Gaillette, nous ne formons pas simplement des footballeurs, mais nous aidons des hommes à se construire. Avec Anthyme Charlet (responsable de l’école de foot), Olivier Bijotat (responsable de la préformation) et Éric Sikora (responsable de la post-formation), nous travaillons chaque jour pour préserver l’identité lensoise et valoriser l’institution Racing Club de Lens. »
« Les valeurs du club sont au cœur de la formation. Être un athlète de haut niveau, c’est accepter de souffrir durant les séances d’entraînement, quitter sa zone de confort et se dépasser au quotidien. Les jeunes sont accompagnés en matière de pédagogie, de méthodologie et d’éducation. L’un des axes principaux est de leur faire prendre conscience qu’ils travaillent, dès leur entrée au centre, pour être à terme des futurs joueurs professionnels. Certains ont besoin de plus de temps que d’autres pour progresser mais dans tous les cas, l’accès au monde professionnel est rare. Il faut donc que les garçons soient imprégnés de l’idée selon laquelle l’exigence, la rigueur et le travail doivent guider leur quotidien.
Quant à la transmission, elle se fait notamment à travers le parcours et les histoires personnelles de personnes comme Éric Sikora, Yohan Démont (entraîneur U19), Alaeddine Yahia (responsable du recrutement de l’académie), Vincent Carlier (entraîneur de l’équipe réserve) ou encore Walid Mesloub (entraîneur adjoint de l’équipe réserve). Elle se fait aussi grâce à l’équipe professionnelle, dont les jeunes observent les séances d’entraînement, l’intensité et les comportements. »
« La campagne – la première de l’histoire du club - a été de bonne facture (1re place du groupe puis 8es de finale, NDLR). S’étalonner face à des formations étrangères, disputer une compétition continentale, affronter des équipes réputées comme Arsenal, Séville et le PSV était forcément propice au développement.
À mes yeux, il a manqué ce petit supplément d’âme collective pour faire front dans certains moments chauds. On ne peut pas gagner une compétition sans une unité à toute épreuve et ce parcours européen va forcément servir d’expérience aux jeunes qui y ont participé. L’enchaînement des matchs leur a aussi appris qu’ils devaient entrer sur le terrain avec la même exigence, quel que soit l’adversaire. De plus, des individualités ont émergé tout en se mettant au service de l’équipe. »
« Voir des garçons comme Ismaëlo Ganiou, Tom Pouilly, Kembo Diliwidi, Anthony Bermont ou Rayan Fofana est évidemment un point positif pour la formation lensoise. Malgré tout, on ne forme pas les joueurs pour un contrat professionnel, mais pour les voir intégrer l’équipe première du club et s’y imposer. L’aboutissement le plus complet serait donc de voir des jeunes « Made in Gaillette » faire dix ou quinze ans de carrière au Racing. Parfois, différents facteurs font que des jeunes réussissent ailleurs, mais c’est aussi un autre exemple que le centre forme des joueurs professionnels.
Pour les cinq joueurs cités, le travail ne s’arrête pas là car tant que leur carrière n’est pas lancée sur du long terme, l’accompagnement reste nécessaire. D’une part, il doivent avoir conscience que le fait de signer professionnel n’est pas une fin en soi. D’autre part, il faut garder en tête que si un jeune a sa chance au plus haut niveau, il est normal qu’il fasse des erreurs et qu’il faut lui laisser du temps pour se perfectionner et franchir certaines marches. Les jeunes qui arrivent chez les pros doivent donc avoir un esprit compétiteur et mettre leurs ambitions personnelles au service du collectif. »
« Certains garçons ont signé un contrat professionnel et s’entraînent avec l’équipe première la semaine, mais évoluent en National 3 le week-end pour avoir du temps de jeu. Il est primordial dans leur développement qu’ils puissent s’exprimer le plus possible sur les terrains. La gestion des temps de jeu nécessite donc beaucoup de réflexion et d’adaptabilité car le calendrier national actuel ne permet pas d’organiser des rencontres supplémentaires pour les jeunes n’ayant pas joué en professionnel le week-end. Cette gestion s’effectue en collaboration étroite avec Will Still et son staff. Depuis leur arrivée, ces derniers nous permettent d’apporter notre regard sur les jeunes joueurs. En tant que responsable de la post-formation, Éric Sikora joue notamment un rôle de relais important entre le centre de formation et le monde professionnel. »
« Il me semble important de mettre en avant le maintien des U17 en championnat national lors de la saison 2023/24. L’équipe a vécu des moments difficiles, connu plusieurs blessés et a manqué de réussite dans ses résultats. Pour autant, elle s’est accrochée. Ces faits contraires ont permis à plusieurs joueurs de s’approprier l’objectif du maintien, en se disant qu’ils appartenaient à une équipe du RC Lens et qu’ils ne pouvaient pas baisser les bras. Accompagnés par l’entraîneur Anthyme Charlet et son staff, ils en ont fait plus à tous les niveaux et ont franchi un cap dans leur progression. Certains sont même directement passés du groupe U17 à l’équipe N3. Ils se sont rappelés que la notion de souffrance était essentielle dans la carrière d’un sportif de haut niveau et en tant que formateurs, on ne peut que le saluer. »