Sarah, comment résumerais-tu cette saison ?

« Je dirais difficile. Autant humainement que sportivement. C’était intense jusqu’au bout. C’est globalement mon sentiment. Heureusement que nous avons fait une bonne première partie (ndlr : 3^e à la trêve avec 6 victoires, 3 nuls et une défaite) car nous avons ressenti beaucoup de pression, et ce, très tôt dans la saison. »

Les bons résultats du début, et plus largement ceux de l’année passée, ont-ils pesé dans les têtes ?

« Oui, complètement. Nous avons été plus attendues, donc plus observées, et les adversaires se sont adaptés. Le championnat était très ouvert cette année avec les six descentes. Tout le monde pouvait battre tout le monde et ça a donné des résultats surprenants. Aucune équipe n’était à l’abri. »

Avant de démarrer cet exercice, le maintien demeurait la priorité pour toi. Il a été acquis à la dernière journée. Avec du recul, comment juges-tu la seconde partie de saison ?

« C’est décevant au vu de nos performances lors des dix premières journées mais je reste persuadée que l’objectif premier du maintien était réaliste. On aurait évidemment pu faire mieux mais nous avons eu plusieurs circonstances atténuantes avec des blessures de cadres comme celle de Marie Schepers ou Tess David, mais aussi des suspensions de Namnata Traoré, Pauline Cousin et Myriem Nacer. Il y a aussi eu de l’irrégularité, certainement due à la jeunesse et au manque d’expérience. »

Comment était le groupe lors des dernières journées de championnat ?

« Je l’ai senti concerné et valeureux, même dans les moments difficiles. Les joueuses se sont chacune données à fond pour atteindre l’objectif du maintien. On a parfois manqué de réussite mais je n’ai jamais été inquiète. Encore une fois, il ne faut pas oublier qu’il y avait six descentes. »

Quel(s) point(s) positif(s) retiens-tu ?

« Cette saison a été très formatrice pour les joueuses comme pour le staff, car cela nous a montré que l’on ne pouvait pas se reposer sur nos acquis. Sur une saison comme celle-là, nous n’avions pas le droit à l’erreur sur le terrain et dans notre investissement au quotidien. On sait désormais qu’il faut toujours être attentif sur le plan sportif mais aussi dans la gestion du groupe pour garder un haut niveau de performance. »

Ce genre de saison a-t-elle profité aux plus jeunes de l’effectif qui ont bénéficié de plus de temps de jeu ?

« Oui, bien sûr, et c’est en cela que c’est formateur. Le groupe restait jeune et certaines joueuses comme Kahissa Saïdi ou Souhina Hadj-Safi ont gagné un peu de temps sur leur progression. Ça va nous permettre d’être plus compétitifs l’année prochaine. »

Globalement, es-tu satisfaite du processus de formation des jeunes joueuses mis en place cette année au sein de la section ?

« Nous sommes en progrès mais il faut être patient. Il ne faut pas oublier que la section n’a que trois ans d’existence. La réserve est principalement constituée de jeunes et joue face à des seniors. Concernant les U19, elles ont progressé, notamment en atteignant les barrages d’accession au niveau national. L’objectif pour ces deux équipes est de monter la saison prochaine. C’est important pour la suite du développement du RC Lens Féminin. Je tiens à dire aussi que les éducateurs effectuent un travail de qualité auprès des plus jeunes catégories. Ils sont très motivés et investis. Il y a également beaucoup de joueuses qui passent des diplômes d’éducatrice. J’ai d’ailleurs mis en place des binômes dans toutes les équipes, entre joueuses et éducateurs, pour permettre des échanges sur le sujet. On souhaite aussi susciter des vocations. »

Cette progression dans la formation et le rayonnement de la section féminine attirent-ils plus de joueuses ?

« Nous avons eu beaucoup de sollicitations de très bonnes joueuses cette année. À mon sens, il y a deux raisons à cela : le RC Lens Féminin se structure et est de plus en plus attractif. Ses performances sportives sont meilleures et les résultats probants de l’équipe première masculine offrent une vitrine d’exposition. Lors des détections, nous avons de plus en plus de joueuses intéressantes et nous commençons même à faire des sélections. Nous avons le choix. Je pense aussi que le groupe D2F véhicule un état d’esprit positif. On a pu le voir à la sortie du documentaire sur l’équipe première. »

Comment te projettes-tu sur la saison prochaine ?

« Cela va être un tout nouveau championnat par rapport à cette année, avec beaucoup de clubs professionnels et des équipes relevées. De notre côté, pour répondre à ces enjeux, nous avons solidifié le staff avec un nouvel entraîneur des gardiennes, Christophe Gardié (ndlr, ancien portier et entraîneur lensois), et les promotions de Bastien Carnis (analyste vidéo) et Mahé Benne (préparateur physique) qui seront à temps plein et Ophélie Bolzon (préparation physique stagiaire). J’ai également un nouvel adjoint, Alan Wengert, qui apporte une vision différente de la mienne. L’idée est vraiment de se structurer et d’être plus professionnel. L’intention est d’être aligné sur l’identité de jeu mise en place par Franck Haise avec son staff. Je suis en échange quotidien avec lui. Concernant le recrutement, nous avons ciblé des joueuses d’expérience. Les jeunes auront leur place mais, pour être compétitives rapidement, il faut de la maturité. Ce mix est intéressant et va permettre de jouer les premiers rôles mais la montée ne sera sans doute pas pour cette année. »