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Publié le 24/10/2022 à 07h05

Il fête son 50e anniversaire aujourd’hui ! Membre incontournable du Racing champion de France 1998, Frédéric Déhu a porté les couleurs sang et or pendant huit saisons et a participé à l’écriture de l’une des plus belles pages de l’histoire du club. Retour sur le parcours d’un joueur polyvalent dépeint comme « intransigeant », « droit » et « compétiteur » par ceux qui l’ont côtoyé…

Avec près de 280 apparitions sous la tunique artésienne, Frédéric Déhu fait partie de la grande histoire du Racing. Arrivé dans l’Artois en 1989 pour évoluer en juniors première année, il joue alors latéral gauche. Le Francilien de naissance s’est vite imprégné de l’histoire et des valeurs locales : « Autrefois, des gens descendaient au fond des puits sans savoir s’ils en remonteraient. Personne ne comprendrait que nous baissions subitement les bras pour une raison ou pour une autre », avait-il déclaré lors de ses années lensoises. 

« C’est d’abord le fruit d’une éducation », explique aujourd’hui l’ancien défenseur. « Ça pouvait être difficile pour moi, venant de région parisienne, de m’intégrer à un groupe qui était composé de beaucoup de Lensois. Mais je me suis imprégné de l’histoire minière de la région et il était important pour moi de correspondre aux valeurs du club. » Pour Éric Sikora, ancien coéquipier, « son état d’esprit collait aux points forts du Racing et à ce qu’attendaient les supporters. Il ne calculait pas ses efforts, était toujours prêt à tout donner dans n’importe quelle situation. »

Frédéric Déhu : « 1998 ? L’aboutissement d’une saison extraordinaire »

 

Fred’ fait ses premiers pas en professionnel à 17 ans lors d’une rencontre de Division 2 à Guingamp (victoire 2-6 des Sang et Or). Ce joueur polyvalent capable d’évoluer autant dans l’entrejeu en numéro 6 que défenseur s’impose progressivement dans le onze lensois jusqu’à devenir l’un des cadres de l’effectif. « C’était un joueur technique, avec un gros abattage et un bon jeu de tête », se remémore Éric Sikora. « Sa solidité dans les duels lui a permis de s’imposer comme un titulaire et de devenir le capitaine de l’équipe. Cela prouvait sa détermination. »

Après 15 matchs disputés pour sa première saison en Division 1 (1991-1992), il devient indispensable dans l’équipe de Patrice Bergues, qui l’avait déjà entraîné chez les jeunes. Dès l’exercice 1993-1994, il prend part à 38 rencontres toutes compétitions confondues. Il découvre alors l’excitation des soirées européennes en Coupe de l’UEFA. Lors de la saison 1995-1996, il inscrit son premier but en coupe d’Europe contre Chornomorets Odessa (victoire 4-0).

Passeur de grandes émotions

À l’image du Racing Club de Lens, Frédéric Déhu vit une saison 1997-1998 mémorable. Installé dans l’entrejeu, il n’est absent du onze qu’à deux reprises (32 apparitions en 34 journées). Le libero dispute 28 journées de championnat dans leur intégralité et prend part aux succès majeurs des Lensois. Buteur à Lyon (victoire 1-3) en première partie de saison, il est sur le terrain lors des huit dernières journées qui voient le Racing rester invaincu et s’envoler vers le titre.

Indispensable aux yeux de son coach Daniel Leclercq qui le décrit comme un « futur grand », Frédéric Déhu est directement impliqué dans le but qui sacre les Sang et Or à Auxerre (1-1), le 9 mai 1998. Alors que le Racing est mené au score et n’a besoin que d’un nul pour être champion de France, le numéro 13 artésien se mue en passeur décisif pour la seule fois de la saison. Depuis le rond central, il lance Yoann Lachor qui crucifie le portier auxerrois (1-1, 54’). « Cette passe décisive permet à Yoann d’égaliser, mais c’est avant tout le succès d’un groupe. Ensuite, j’étais surtout concentré sur mon rôle défensif pour conserver ce score qui nous permettrait d’être champions. C’était l’aboutissement d’une saison extraordinaire ! »

Frédéric Déhu : « 1998 ? L’aboutissement d’une saison extraordinaire »

 

Le RC Lens est sur le toit du football français pour la première fois de son histoire. « On ne nous attendait pas à cette place de champion, d’autant que l’on avait connu des difficultés lors de la saison précédente », se souvient-il. « C’était la récompense de la saison que l’on avait faite. »

Nouvelle saison, nouveau statut, nouvelles responsabilités. Lors de la saison 1998-1999, Frédéric Déhu hérite du brassard de capitaine après le départ de Jean-Guy Wallemme. « J’ai beaucoup de caractère alors quand Daniel Leclercq m’a nommé capitaine, je pense que cela m’a permis de me libérer totalement et d’assumer cette responsabilité qui faisait de moi un leader. » Un nouveau rôle apprécié par le reste du vestiaire de l’époque. « En tant que capitaine, il était le porte-parole du groupe vis-à-vis du coach ou du président. C’est quelqu’un de droit », explique Éric Sikora.

En plus de cette nouvelle casquette, il prend part aux six rencontres que disputent les Artésiens en Ligue des Champions. À l’occasion de la réception d’Arsenal pour le premier match de C1 à Bollaert-Delelis, il délivre une passe décisive pour Tony Vairelles, permettant aux Lensois d’accrocher le nul à la dernière minute (1-1). Une deuxième passe décisive avec le Racing qui restera dans l’histoire…

« Une fierté de pouvoir représenter le racing en Équipe de France »

Quelques semaines plus tard, le capitaine mène les siens vers un nouvel exploit. Lors du match retour face à Arsenal, le RC Lens devient le premier club français à s’imposer à Wembley (0-1). Mythique.

En parallèle de son aventure lensoise, Fred’ découvre les Bleus. Sa première sélection en Équipe de France à l’été 1998 atteste de son ascension et de son nouveau statut. Lors du premier match amical après le titre de champions du monde en 1998, il remplace Didier Deschamps lors d’un Autriche-France (2-2). « C’était évidemment une grande fierté de pouvoir porter le maillot tricolore, mais aussi un honneur de pouvoir représenter le RC Lens en Équipe de France. C’était l’aboutissement d’un travail acharné », commente l’intéressé. « Il y a peu de joueurs qui ont porté ce maillot en jouant au Racing et je suis heureux de faire partie de ceux-là. » Ainsi, il retrouve sur le terrain son coéquipier en club Tony Vairelles.

Frédéric Déhu : « 1998 ? L’aboutissement d’une saison extraordinaire »

 

Valeur sûre en D1, le Francilien met désormais à son crédit de bonnes prestations sur la scène européenne. Daniel Leclercq parle alors de lui comme un joueur « intransigeant dans les duels, au sol ou dans les airs » et qui « déteste perdre. » « Quand tu es champion de France et signes de bonnes performances en Ligue des Champions, tu es plus regardé.  Fred’ avait prouvé qu’il pouvait jouer au niveau européen », ajoute Éric Sikora. Logiquement, il attire l’œil des plus grands clubs français et européens dont le FC Barcelone en 1999.

Mais avant de rejoindre le champion d’Espagne, Frédéric Déhu emmène les siens vers un nouveau titre. Au terme d’un parcours riche en émotions, les Artésiens remportent la Coupe de la Ligue. Après des succès à Marseille aux tirs au but, à Rennes (0-1) dans les derniers instants et contre Sochaux (2-0) au bout des prolongations, les Sang et Or viennent à bout de Metz en finale (1-0). « Fred’ a failli ne pas jouer car il s’était pris la tête avec Daniel Leclercq la veille », sourit aujourd’hui Éric Sikora. « C’était un compétiteur, il disait les choses que cela plaise ou non. On avait tous le même but qui était de remporter ce titre. » Au Stade de France, le capitaine artésien est titularisé en défense centrale et voit Daniel Moreira inscrire le seul but de la rencontre d’une reprise de volée imparable.

Après l’échec en finale de Coupe de France un an plus tôt, le Racing tient sa revanche. Capitaine heureux, Frédéric Déhu brandit le trophée et fête la qualification en Coupe de l’UEFA avec les 30 000 Lensois présents en tribune. Cette seconde récompense lui permet de quitter l’Artois par la grande porte, la tête remplie de souvenirs... 

Frédéric Déhu : « 1998 ? L’aboutissement d’une saison extraordinaire »

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