Depuis quelques temps, le Racing Club de Lens affiche fièrement ses valeurs : Passion, Ambition, Respect, Fidélité et Fierté. Des valeurs que chaque composante du club doit intégrer, notamment les joueurs de la formation. C’est ainsi que l’équipe du National 2 a pris possession, samedi dernier, du stade Bollaert-Delelis pour travailler sur l’« Ambition » à travers des exercices physiques et mentaux…
Peux-tu te présenter ?
« Je suis psychologue du sport et préparatrice mentale. Je travaille avec des sportifs de haut niveau tels que Perrine Laffont (championne olympique de ski de bosses en 2018 et numéro 1 mondial), Benjamin Cavet, Sacha Theocharis ou encore Cécile Hernandez (snowboardeuse paralympique médaillée d’argent et de bronze en 2018)… Au Racing Club de Lens, j’accompagne les différentes catégories du centre de formation du National 2 aux U16 sur l’aspect mental, gestion de la performance et du bien-être sur le terrain et dans la vie. Je travaille sur l’individu mais aussi le collectif.
Ça fait quelques mois que je suis au club et j’ai déjà eu pas mal de retours positifs de joueurs qui sont encore en formation ou qui sont passés cette saison chez les pros. Nos échanges leur ont permis de mieux gérer leurs émotions, leur confiance en eux… Ils peuvent ainsi optimiser leurs performances. »
Pourquoi avoir mis en place ce genre de séance ?
« Je pense qu’une équipe se crée vraiment sur les premières semaines de reprise, c’est cela qui conditionne le fonctionnement que les joueurs vont avoir pendant la saison. Ça me semblait donc essentiel de mettre en place un travail de cohésion et d’esprit d’équipe. L’idée m’est ensuite venue de travailler sur les valeurs du club. J’en ai choisi 4, une par équipe. Pour le National 2, on a choisi l’« ambition » car l’ambition d’un joueur de l’équipe réserve est de jouer à Bollaert-Delelis. C’est pour cela que l’on a fait cette séance au stade. On a aussi associé un peu de physique car c’est toujours bien dans la cohésion lorsqu’il y a un effort à fournir. »
Comment s’est passée la séance ?
« Il y avait 3 équipes de 7 joueurs. Chaque équipe devait trouver un mot-clé caché dans les tribunes grâce à des indices. A travers des questions sur le Racing et le foot, j’ai créé un jeu de piste. Le but était que les 3 équipes comprennent qu’elles ne devaient former plus qu’une seule formation pour reconstituer la phrase. Tous ensemble, ils ont pu trouver la définition du mot « Ambition » à former avec leur corps. »
Comment ont-ils vécu cette matinée ?
« J’appréhendais un peu car c’est nouveau pour eux. L’aspect mental n’est pas un domaine qu’ils ont forcément l’habitude de travailler. Mais ils se sont rapidement pris au jeu ! Ils se sont investis dans toutes les différentes étapes. Ce n’était pas évident de voir où je voulais en venir mais de part le fonctionnement de l’équipe, les joueurs ont trouvé facilement. J’avais prévu 2h de travail et ça n’a finalement duré qu’1h30. Il y a vraiment eu beaucoup d’engagement, de communication… C’était un super moment passé avec eux. »
« C’est la continuité d’un travail qui avait été initié la saison dernière par rapport aux valeurs chères à Joseph Oughourlian et au club. Il ne suffisait pas de simplement les afficher, il fallait les mettre en place et en pratique. On a donc essayé de réfléchir à des séances d’entraînement particulières qui ne se dérouleraient pas obligatoirement sur une pelouse avec un sifflet et un ballon. C’est ce que l’on a fait samedi avec les joueurs du National 2 qui ont travaillé autour de la valeur « ambition » au stade Bollaert-Delelis. Tout un symbole ! Et ce sera aussi le cas pour les U19, les U17 et les U16 mais dans un autre endroit et avec une autre valeur.
Les objectifs de ces exercices sont la cohésion de groupe, la recherche des valeurs et de leur terminologie. »
« Je pars du principe que le football est composé de l’aspect technique, tactique, mental et physique et que tout est lié à tout moment. Il ne faut pas travailler séparément ces domaines. Par exemple si l’on est en confiance ou moins bien on va plus ou moins bien réussir une chose. Travailler les différents aspects sur le terrain, c’est mon rôle. Mais ouvrir les joueurs et le groupe à d’autres formes de réflexions, c’est bien aussi.
Je suis très favorable à travailler la dimension mentale, la cohésion d’équipe et le partage. Ça permet aussi, à mon niveau, de voir émerger différents profils de joueurs : ceux qui prennent les choses en main, ceux qui ont tendance à suivre, etc… C’est un bon exercice qui me donne des indications sur les leaders de communication, ceux qui sont techniques, rigoureux ou ambianceurs. L’important, c’est que chacun trouve l’endroit où il peut être leader à sa façon et qu’on lui donne la possibilité de s’exprimer en tant que tel.
La saison dernière, on avait fait une séance un peu similaire sur les terrils mais c’était à un autre moment de la saison, début novembre. On avait travaillé sur les valeurs d’effort, de persévérance, de don de soi. C’était aussi par groupe avec une idée de cohésion. Mais il y avait en plus un gros aspect athlétique sous-jacent. »
« Les joueurs ont repris avec deux jours de tests médicaux puis ont enchaînés avec deux jours de travail athlétique, technique et du jeu avec ballon. Ce n’étaient pas des séances faciles, surtout avec deux entraînements par jour. C’était costaud avec du volume, d’une grande intensité et avec beaucoup d’endurance mentale.
Du coup, on a axé la séance particulière de samedi, uniquement sur le mental et la cohésion de groupe. Le peu de travail physique qu’il y a pu avoir, c’était de monter les escaliers des tribunes ce qui était relativement faible en coût énergétique. J’ai épaulé Cécilia qui a donné les orientations du travail mental. »