Découvrez notre nouvelle rubrique « Point Par Point » qui retrace la vie de nos joueurs. Ce mois-ci, c’est Steven Fortes qui s’est prêté au jeu !
« Je suis né à Marseille et j’y ai vécu jusqu’à mes 19 ans. J’ai grandi dans le centre-ville, à la limite des quartiers nord, mais j’allais à l’école à 30 minutes de chez moi. Celles près de chez moi avaient mauvaise réputation. Ma mère, femme de ménage, et mon père, concierge de notre immeuble, voulaient m’en éloigner. Avant, le quartier était plutôt chaud. Maintenant ça s’est calmé. L’éloignement et l’éducation que j’ai reçue m’ont permis de ne pas prendre un mauvais chemin.
J’ai deux frères et trois sœurs : Crizante, Gilles, Dina, Monica et Emilie. Je suis l’avant-dernier de la fratrie. Je suis très proche de mon grand-frère Gilles qui a seulement deux ans de plus que moi. On a pratiquement grandi comme des jumeaux. Il y a une très bonne entente dans ma famille. On s’est toujours bien entendu. Je suis très tactile et câlin avec mes frères et sœurs.
J’ai toujours été « l’emmerdeur » de service ! [Ndlr, rires] Je le suis toujours d’ailleurs. Quand il y a une connerie à faire, je suis toujours partant ! Quand c’est calme, je trouve toujours quelque chose pour distraire tout le monde. Bon j’avoue que parfois ça peut agacer car j’aime chambrer.
Quand j’étais jeune, mes activités étaient simples : école, football et jeux vidéo. Mon père était très strict et ne voulait pas que je traîne dans le quartier. »
« Mes parents sont cap-verdiens. Avec nous ils parlent le français et le capverdien. Je me débrouille dans ma langue natale et je sais tenir une discussion. La seule fois où je suis allé au Cap-Vert, où j’ai encore de la famille, j’avais 11 ans. Depuis, je n’y étais pas retourné de façon personnelle jusqu’à ce que je sois appelé par la sélection nationale. Mais ce n’est pas pareil quand on y va avec l’équipe. C’est une grande fierté pour ma famille le fait que je puisse représenter le Cap-Vert. »
« J’aimais bien l’école parce que j’y retrouvais mes potes et je faisais un peu le con en classe [Ndlr, rires]. Mais je me débrouillais niveau études même si j’ai redoublé ma seconde. Je l’ai mal vécu car le rythme était vraiment difficile à suivre.
Lorsque j’étais en Terminale, j’ai beaucoup plus bossé par rapport aux autres années et j’ai eu mon bac avec mention ! Ensuite, je me suis lancé dans un BTS parce qu’il fallait faire quelque chose… Mais, au bout d’un mois, j’ai changé de filière et j’ai fait un BTS Management des Unités Commerciales. Encore une fois, sans grande conviction. En parallèle, j’ai continué à jouer au football mais seulement parce que j’aimais ça. J’avais 19 ans et je pensais que c’était trop tard pour moi pour devenir professionnel… C’est à ce moment-là que j’ai intégré le club professionnel d’Arles. J’étais concentré sur le football et je ne m’investissais plus vraiment dans les études. Un mois avant de passer mon BTS, on m’a annoncé que j’allais signer professionnel. Et là, j’avoue que les études… c’étaient le cadet de mes soucis ! [Ndlr, rires] J’ai manqué de très très peu mon BTS.
Si je n’avais pas été footballeur je pense que je me serai vite rendu compte que rester derrière un bureau ce n’était pas fait pour moi. J’aurais plutôt opté pour un travail physique comme dans l’armée ou être pompier… »
A droite : Steven (à gauche) avec ses frères... et le maillot sang et or ! Prémonitoire ?!
« J’ai vite été baigné dans le football car mes deux grands frères en jouaient. J’ai suivi le mouvement et j’ai commencé dans le même club qu’eux au SMUC de Marseille. C’était plutôt logique de faire du foot, mais ça l’était moins de devenir professionnel…
Après le SMUC et Bonneveine, et avant d’aller à La Cayolle, j’ai joué à Air Bel. Beaucoup de jeunes signaient en centres de formation. Ils avaient cette chance et j’avais envie d’être à leur place. Mais avec du recul, je suis content de n’avoir quitté la maison qu’à 19 ans pour aller à Arles, à seulement une heure de train de chez moi. Je suis très famille et j’ai ainsi pu profiter de mes proches.
Je jouais contre des équipes de bon niveau et je me débrouillais plutôt bien. Je me souviens d’une remarque d’un coach des moins de 15 ans d’une équipe professionnelle de la Côte d’Azur. Il est venu me voir à la fin du match pour me demander ce que je faisais dans une « telle » équipe et que je devrais être dans un centre de formation. J’ai souvent eu ce genre de remarques. Pourtant j’avais fait plusieurs essais mais je pense que le stress me faisait défaut. C’est peut-être pour cela que je n’ai jamais signé dans un centre de formation.
Un jour un recruteur d’Arles-Avignon est venu superviser deux joueurs de mon équipe. Finalement, il s’est intéressé à moi. C’est un peu « par hasard » que j’ai été repéré. Ça a mis du temps mais, une fois arrivé à Arles, tout est allé très vite ! »
« Yunis Abdelhamid, actuel joueur de Reims, avait signé un an avant moi en réserve à Arles-Avignon. Il ne lui a fallu que quelques mois pour intégrer le groupe professionnel. Il enchaînait les titularisations et les matchs sans défaite et a ainsi contribué à sauver le club de la relégation. Mais malgré cela, le président hésitait à le faire signer pro. Quand je suis arrivé à Arles et que j’ai appris ça, jamais je ne pensais avoir ma chance ! Mais Franck Dumas a su me faire confiance et a poussé pour que le président me fasse signer. Je lui dois beaucoup. »
« Je suis pacsé avec Charlotte. On s’est rencontré alors que j’avais 17 ans et elle 16. On s’est connu au lycée avant de se perdre de vue. On s’est finalement croisé lors d’une soirée à Marseille. On a repris contact puis on s’est mis ensemble.
Ma femme m’apporte énormément de choses ! Quand j’ai rejoint le club du Havre, c’était la première fois que je partais loin de chez moi et j’étais bien content qu’elle soit avec moi. On est toujours aussi complices. Je ne vois pas le temps passer avec elle ! C’est plutôt bon signe ! [Ndlr, rires] C’est mon équilibre et elle me soutient ! Elle m’apporte du bonheur et m’a donné un petit garçon, Milo, qui vient d’avoir un an.
La venue de Milo a tout changé dans ma vie ! Ça remet tout en question. Avant, je pouvais me prendre la tête pour des petits trucs et maintenant je relativise et constate que ce ne sont que des futilités. Lorsque je suis énervé à cause d’un mauvais entraînement ou d’un mauvais match, j’oublie tout dès que je le vois ! Je vis pour lui d’abord avant de vivre pour moi. C’est ma chair. C’est inexplicable.
J’ai toujours eu des facilités avec les enfants car j’ai été tonton jeune. Avec mon fils, je joue avec lui, je fais des bêtises. Je suis un papa poule mais je sais mettre des limites. »
« Je suis calme et souriant. C’est très rare que je sois de mauvaise humeur. Je garde beaucoup mes émotions et mes sentiments pour moi. Je suis bienveillant. J’aime bien vivre ma vie car on en a qu’une mais tout en restant prudent. On peut déconner facilement avec moi mais je sais être sérieux quand il le faut. Je suis très respectueux de part mon éducation. Je suis quelqu’un de principes et je n’ai qu’une parole.
Je suis trop gentil et je pense que c’est un défaut. Je suis parfois naïf. Par contre, sur le terrain, je suis un autre homme, nerveux, ce que je ne suis pas dans la vie de tous les jours.
L’un de mes plus gros défauts, c’est la procrastination et ce n’est pas femme qui dira le contraire [Ndlr, rires] »
« Je suis casanier, je passe beaucoup de temps à la maison avec ma femme et mon fils. Mais on aime aussi se balader. Ce qui est bien ici c’est que l’on n’est pas loin de Lille, de Paris et de la Belgique.
J’aime aussi recevoir mes amis et sortir avec eux pour décompresser de temps en temps. »