C’est un jour historique puisque le Racing Club de Lens et ses supporters ont vu la Commission de sécurité valider la Marek debout ! Pour marquer l’événement, découvrez le témoignage privilégié de Pascal Demuynck, alias Craby, supporter de longue date, très impliqué dans le dossier « Tribune Debout ». Il nous parle du cœur de Bollaert-Delelis. !
« J'ai vécu mon 1er match à Bollaert-Delelis en avril 1983 en tribune Trannin pour un certain Lens - Tours. J'avais 16 ans à l'époque. J'habitais Rouvroy et je me souviens avoir dû batailler pour convaincre mes parents qui n'avaient pas le permis, de me laisser aller au stade avec un voisin. Je me souviens leur dire « Une fois, une seule fois »... Je suis alors tombé dans la marmite comme on dit.
Quelques mois plus tard, j’ai assisté à mon 1er match en Marek [Ndlr, septembre 1983] pour la réception de La Gantoise en Coupe UEFA. J’y suis abonné depuis 1988. »
« Cette tribune constitue le cœur de Bollaert-Delelis ! C'est elle qui rythme l'ambiance du stade. Quand la tribune est en deçà, le stade est en deçà et le match souvent est en deçà.
J’ai vécu beaucoup d'émotions tout au long de ces années : des rires, des pleurs, des joies, des peines mais seules les joies restent en mémoire. Si parfois la déception vous amène à vouloir prendre du recul, l'appel de la tribune est trop fort et vous avez vite fait d'y reprendre place, l'occasion d'y retrouver vos amis.
Il y a beaucoup de similitudes entre ce qui se passe en tribunes et ce qui se passait dans les mines…
La grande solidarité entre les supporters, cette volonté commune de peser sur le terrain et d'être des acteurs du match.
Le partage des joies et des peines mais surtout des joies, et des rencontres fortuites d'où naissent parfois de grandes et solides amitiés. Sans oublier la fidélité à nos couleurs, à notre blason, à notre club et à nos amis. Quoiqu'il arrive.
Dans les tribunes de Bollaert-Delelis, nous ne pouvons pas nous contenter d'être de simples spectateurs. Nous voulons être de véritables acteurs du match. Il y a 11 mecs qui se battent sur le terrain et nous faisons front avec eux. On gagne ensemble, on perd ensemble. »
« Beaucoup évoqueront le Lens - Marseille du 15 février 1992 avec ses 48912 spectateurs en tribune mais personnellement je garde un souvenir vivace d'un match de Coupe de France face à Saint-Etienne en avril 1984. Une tribune bondée, une ambiance moite et survoltée. Les chiffres officiels parlent de 46839 spectateurs. Je ne me souviens pas avoir vu la tribune Secondes aussi bondée et je me souviens parfaitement avoir suivi l'ensemble de la rencontre en étant de profil par rapport au terrain. Je me souviens également des spectateurs juchés à 10-15 mètres de haut sur les pilonnes d'éclairage. Nord-Matin évoquera le lendemain le nombre de 53000 spectateurs alors que le stade comptait officiellement 51000 places, je pense sincèrement que l'on n'en était pas loin.
Les Secondes me renvoient énormément d'images : les premiers spectateurs qui prenaient place en tribune dès 17h pour s'accaparer les meilleures places dans l'axe du terrain, les enfants agrippés aux grillages pendant plus de 2 heures, le drapeau "KOP" sur la grille pendant des années juste devant la tribune, les bancs de bois autorisés à l'époque que les gamins amenaient en tribune pour suivre la rencontre au sein même du KOP, des célébrations de buts indescriptibles... On pourrait en parler des heures... »
« Le passage à la configuration assise en 1997 a porté un rude coup à l'ambiance dans cette tribune et dans le stade. Nous n'avons alors eu de cesse que d'essayer de trouver des solutions pour maintenir l'ambiance à flot. La création du CRAB (Comité pour le Retour de l'Ambiance à Bollaert) avait tiré le signal d'alarme dès l'été 1997. La prise de conscience a été rapide mais il était trop tard et le constat est que beaucoup de spectateurs en Marek ne s’impliquaient plus dans l'ambiance.
Le retour à une configuration debout marque une nouvelle étape et est un juste retour des choses. Ce n'est nullement un retour en arrière. La population en tribunes a changé, a évolué et nombre de supporters qui prendront place en Marek samedi n'ont pas connu cette tribune en configuration debout.
Aujourd'hui, il faut regarder devant. Nous entrons dans la phase expérimentale, il va y avoir forcément une période de flottement et chacun va devoir trouver sa place. Mais je ne me fais pas de soucis. Je n'ai qu'une crainte c'est l'aspect visuel, nous allons être 4200 dans une tribune qui peut en accueillir 10000. Néanmoins, la configuration debout devrait nous permettre de concentrer à terme des supporters motivés. La puissance vocale n'en sera que plus forte ! Tout le monde a à y gagner : les supporters, le stade, le club.
L'objectif est d'être autorisés à accueillir rapidement 7 à 8000 personnes. Maintenant, il faut que chacun en tribune ait conscience que l'enjeu des prochains matchs et de la phase expérimentale sont énormes et que rien n'est acquis pour la suite. »